Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/44

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n’y a guère roman sans « intrigue », et il n’y a point d’ « intrigue » sans quelque complication d’événements. Qu’on ne nous objecte point les Adolphe ou les René, ni surtout un Obermann. Adolphe et René ne sont point des romans : René, c’est un poème, et Adolphe n’est qu’une « étude analytique » ! Mais Delphine, Corinne, Indiana, Valentine sont des romans, parce qu’une intrigue en fait le lien. Et il est d’ailleurs possible que cette intrigue soit faible ; que les péripéties n’en aient rien d’assez imprévu ; que le dénouement au contraire en soit trop attendu ; mais c’est une intrigue, et, sans cette intrigue, il ne demeurerait de ces quatre récits inégalement célèbres qu’une revendication passionnée du droit de la femme à l’indépendance et à l’amour.

Je le dis tout de suite : c’est ici le profit que Balzac a tiré de son apprentissage du roman qu’on appelle « populaire », et de ses premiers essais. En écrivant le Vicaire des Ardennes ou Argow le Pirate, il s’est rendu compte, un peu confusément, que, quelle que soit l’originalité des « modèles » découverts par son observation ou conçus par son imagination ;