Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/46

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nous racontant des « aventures ». C’est ce que tant de romanciers ont oublié depuis Balzac, et aussi, pour préciser davantage, qu’il n’y avait pas d’ « aventures », à moins du risque de la fortune, du bonheur, de l’honneur ou de la vie. Il se pourrait que Balzac lui-même ne se le fût pas toujours rappelé.

Pour le moment, il nous suffit d’avoir vu où en était le roman, et particulièrement le roman français, quand Balzac va commencer d’écrire. Ajoutons qu’à cette date aucune réputation acquise ne faisait obstacle à sa jeune ambition ; et elle avait le champ libre devant elle. Littérairement, le roman était considéré comme un genre « inférieur » et, aussi bien, en France, dans le cours entier de l’âge classique, aucun écrivain de marque n’avait-il songé au roman comme à un moyen d’atteindre la célébrité. Si l’on faisait dans le passé quelque cas de l’auteur de Gil Blas, c’était comme satirique ; Manon Lescaut était fort éloignée d’être au rang où nous l’avons placée depuis lors, et l’auteur