Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/52

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pour s’y préparer, il dévorait « nos quatre auteurs tragiques » sur lesquels il portait ce jugement curieux : « Crébillon me rassure ; Voltaire m’épouvante ; Corneille me transporte ; Racine me fait quitter la plume. » [Correspondance générale. 1820, no VIII.] Mais quand il eut consacré quinze mois d’application à ce drame, il s’avisa d’en vouloir faire l’épreuve sur sa famille et ses amis assemblés. Un juge compétent, — on conte que c’était Andrieux, l’auteur du Meunier Sans-Souci, répétiteur à l’École polytechnique et professeur au Collège de France, — déclara que l’auteur de cette rapsodie devait faire « quoi que ce fût, hormis de la littérature ». [Balzac, sa vie et ses œuvres, par Laure Surville, sa sœur, 1856.] Cet homme de beaucoup d’esprit, et de goût, eût peut-être porté, quelques années plus tard, le même jugement sur Eugénie Grandet et sur le Père Goriot ! Mais Balzac, qui ne pouvait pas le prévoir, accepta la décision en ce qui regardait Cromwell, et même le théâtre ; et c’est alors qu’il se tourna du côté du roman. L’Héritière de Birague [1822] allait être son premier essai dans ce genre.