Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/59

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ses entreprises commerciales et industrielles, n’étant sorti qu’avec des dettes, il est demeuré passionnément curieux de la manière dont les Popinot et les Crevel, les du Tillet et les Nucingen, les Pilleraut et les Crottat, les Roguin et même les Gobseck pouvaient avoir fait fortune. Il s’est intéressé à ce que les Birotteau fabriquaient dans leurs « laboratoires ». Il a suivi le cours de la Bourse et celui des denrées : le cours des grains, celui de la garance et de l’indigo. Disons le mot : il a compris que, ce que le génie même ne saurait apprendre que de la vie, c’est la vie, et la vie, non pas telle qu’il nous plaît à chacun de nous la représenter, mais telle qu’on la vit, autour de nous, de notre temps, à tous les degrés de l’échelle sociale, et la vie agitée, ou plutôt composée de préoccupations et d’inquiétudes, qui n’ont rien de très relevé, le plus souvent, ni de très singulier, ni surtout de très rare, mais qui sont la vie, et qu’on ne saurait donc omettre dans la représentation qu’on se propose de nous en donner. Empressons-nous d’ajouter, que s’il y en a d’autres et de moins vulgaires, Balzac ne les a pas ignorées.