s’était remariée, en 1787, avec le chevalier de Jarjayes, aide-major général, homme de confiance de la reine, et l’un de ceux qui tentèrent de la faire évader de la prison du Temple : on retrouve son nom dans tous les Mémoires de l’époque. Six ans plus tard, en pleine Terreur, le 8 avril 1793, la jeune fille était devenue madame de Berny. « Filleule du roi et de la reine, — disent d’elle, et avec raison, MM. Hanotaux et Vicaire, — élevée dans les cercles intimes, témoin des dernières fêtes et des premières douleurs, ayant ressenti le choc de toutes les grandes crises, confidente des complots, dépositrice des secrets, ayant eu dans les mains les lettres, les anneaux, les mèches de cheveux ; — il s’agit de deux anneaux d’oreille et d’une mèche de ses cheveux que Marie-Antoinette avait fait parvenir, du pied de l’échafaud, au chevalier de Jarjayes ; — que d’événements dans une telle vie ! Que d’émotions dans ce cœur blessé ! Quels drames lus et devinés dans ce regard déjà lointain ! Quel livre ouvert que cette mémoire vivante, et avec quelle passion le jeune interrogateur de la vie ne devait-il pas le feuilleter ! » Et, plus loin,
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