autorité que lui donnait son âge, madame de Berny dégrossit, elle forma, elle « styla » aux usages du monde, le bruyant, pétulant et vulgaire garçon de ses premières lettres, celui qui confondait si facilement le gros rire du commis-voyageur « en balade » avec le sourire de l’homme d’esprit ; et elle n’en fit pas un gentilhomme, — ce qui l’aurait lui-même beaucoup gêné pour accomplir la tâche qui devait être la sienne, — mais elle lui ôta ce qu’on pouvait lui enlever de ses allures naturellement charlatanesques. « Fais, mon chéri, — lui écrivait-elle en 1832, c’est-à-dire à une époque où leur liaison remontait à plus de dix ans, — fais que toute la foule t’aperçoive, de partout, par la hauteur où tu seras placé, mais ne lui crie pas de t’admirer. » C’est un conseil dont Balzac n’a pas autant profité qu’on le voudrait.
On ne saurait évidemment, sans se rendre assez ridicule, essayer de préciser quelle fut la nature des sentiments que Balzac éprouva pour madame de Berny. Mais si peut-être il n’est pas inutile d’avoir aimé soi-même, pour comprendre et pour représenter, au théâtre ou dans le roman, les passions de l’amour, ce fut