Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/75

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Beuve, ses Portraits contemporains, ou la Préface de Mademoiselle de Maupin, ou encore, et plus près de nous, la Correspondance de celui que j’appellerais « le dernier des romantiques », — je veux dire Gustave Flaubert, — si Émile Zola n’avait pas existé. La préoccupation d’art y est constante, si même on ne doit dire qu’elle y va jusqu’à l’obsession. Qu’est-ce que l’art ? et quel en est l’objet ? Cet objet, par quels moyens parviendrons-nous à le réaliser ? Jusqu’à quel point devrons-nous pousser la fidélité de l’imitation ? la recherche du pathétique ? le souci de la forme et du style ? Toute réalité sera-t-elle digne de notre attention ? et, sous prétexte de la « moraliser » aurons-nous le droit, de l’embellir ? ou, inversement, le droit de la « vulgariser » pour en faire la satire, au détriment de la ressemblance ? Toutes ces questions, qui s’agitent autour de lui dans les cénacles, si Balzac ne les ignore pas, on ne voit pas du moins qu’il s’en inquiète beaucoup ; — et cela paraît d’abord un peu surprenant.

C’est qu’il est, à vrai dire, moins soucieux d’art ou de perfection que de succès. Il n’avait que vingt-trois ans quand il écrivait à sa