Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/85

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quelque sorte les créatures des circonstances, alors, pour les comprendre, il est indispensable de préciser les circonstances de leur production. Il ne l’est pas moins d’enchaîner ces circonstances les unes aux autres ; et on n’y peut réussir, — quoique l’histoire littéraire et la critique l’aient plus d’une fois oublié, — qu’en respectant la chronologie. L’Art de vérifier les dates est et demeurera le fondement de toute espèce d’histoire.

Mais Balzac est d’une autre famille, et le caractère le plus apparent de son œuvre en est justement « l’objectivité ». Ses romans ne sont point des confessions de sa vie ; et le choix de ses sujets ne lui a jamais été dicté par des raisons particulières, et en quelque sorte privées. Il ne s’y raconte ni ne s’y explique, ou encore, quand il s’y raconte, il s’y déguise ; et en s’y expliquant il ne veut point être reconnu. Ses déclarations réitérées sont formelles à cet égard. Allons plus loin, et disons que, d’une manière générale, ce n’est pas Balzac qui choisit son sujet, mais ce sont ses sujets qui le prennent, pour ainsi dire, et qui s’imposent à lui. Aussi — et en dehors de ses besoins d’argent, —