Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/86

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voyons-nous qu’il a toujours à la fois trois ou quatre romans sur le métier. Mais il en a bien plus encore dans la tête ! Ou plutôt, son œuvre entière, et on y comprend les parties qu’il n’a pas eu le temps d’en réaliser, est présente ensemble à son esprit, et ce n’est point quand il le veut, ni parce qu’il le veut, que tel ou tel fragment s’en détache ; — voyez par exemple, dans sa Correspondance, combien d’années, avant de l’écrire en quinze jours, il a porté César Birotteau ; — mais c’est que le moment en est venu. De là, cet air de nécessité qui est celui de ses grands romans : il fallait que ces romans fussent, et qu’ils fussent précisément ce qu’ils sont ! De là, la rapidité prodigieuse, et qui l’étonne parfois lui-même, avec laquelle il en a écrit ou « rédigé » quelques-uns : il ne les savait pas si mûrs, en quelque sorte, ni, tandis qu’il les sentait s’agiter confusément en lui, déjà prêts à vivre de leur vie. De là, encore, ce qu’ils ont de vivant ou vraiment d’ « organique » ; et de là les rapports ou les liaisons qu’ils soutiennent tous les uns avec les autres, et que le plan de la Comédie humaine a rendues plus manifestes,