Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/89

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son œuvre ; — un Kenilworth après lequel il écrira un Quentin Durward ; une Indiana qui sera suivie d’une Valentine ; une Chronique de Charles IX qui n’aura rien de commun avec une Colomba que d’être signée du même nom ; — mais elle a des prolongements, des « correspondances », des ramifications qu’il n’entrevoit pas très clairement lui-même, qui existent pourtant, et qui se débrouilleront à mesure qu’il avancera dans son œuvre. Ainsi, des frères et des sœurs, dans le temps de leur première enfance ou de leur jeunesse même, n’ont de commun entre eux qu’un certain air de famille, et encore ne l’ont pas toujours, mais, à mesure qu’ils avancent en âge, les traits qui les individualisaient s’atténuent, ils retournent au type de leurs auteurs, et on voit bien qu’ils sont les enfants du même père et de la même mère. Les romans de Balzac soutiennent entre eux une liaison de ce genre. Ils tirent, eux aussi, leur naissance d’une commune origine ; et cette origine commune est une pensée première, que chacun d’eux exprime par un de ses aspects, et cependant, et en même temps, dans son intégrité.