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en 1814 sur le grand-livre, à cinquante-six francs, et ainsi s’en est fait vingt. Néanmoins, dans la prochaine édition, je baisserai de six millions la fortune de Grandet. » L’histoire, quoique vraie, n’était donc pas tellement vraie, que la vérité n’en souffrît quelques accommodements !

Mais une autre phrase, que j’emprunte également à une lettre adressée à madame Zulma Carraud, et datée du 30 janvier 1834, est bien plus importante : « Vous avez été bien peu touchée de ma pauvre Eugénie Grandet, qui peint si bien la vie de province ; mais une œuvre qui doit contenir toutes les figures et toutes les positions sociales, ne pourra, je crois, être comprise que quand elle sera terminée. »

À cette date, il ne veut encore parler que de ses Études de mœurs, dont la première édition va paraître, en septembre 1834, — je veux dire la première édition sous ce titre, — chez la veuve Ch. Béchet. Il n’a encore donné de ses grands romans, à cette même date, que les Chouans, la Peau de chagrin et Eugénie Grandet. Mais ce que néanmoins il sait parfaitement, c’est qu’Eugénie Grandet n’est pas isolée dans