Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/95

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C’est encore le sens où le prendra Vigny, dans sa Maison du Berger :

Je n’entends ni vos cris, ni vos soupirs, à peine
Je sens passer sur moi la comédie humaine,
Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.

Et, tout bonnement, c’est le sens qui, dans la langue de Molière et de La Fontaine, s’offre naturellement à l’esprit du lecteur. C’est aussi celui que je retrouve, dans une phrase de Balzac lui-même, que j’emprunte à la dédicace qu’il a faite de son roman d’Illusions perdues à Victor Hugo : « Les journalistes n’eussent-ils donc pas appartenu, comme les marquis, les financiers, les médecins et les procureurs, à Molière et à son théâtre ? Pourquoi donc la Comédie humaine, qui castigat ridendo mores, excepterait-elle une puissance, quand la presse parisienne n’en excepte aucune ? »

Je ne suis étonné que d’une chose, laquelle est que, Balzac étant depuis 1833 comme en travail de son idée maîtresse, il ait attendu jusqu’en 1841 pour lui trouver un nom, et j’ajouterai : le seul nom qui lui convînt, si d’ailleurs il est bien entendu qu’à ce nom nous