Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/94

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de ce titre, — à laquelle je ne sais pourquoi la plupart de ses biographes, depuis madame Surville, sa sœur, jusqu’à M. André Le Breton, attachent une si grande importance, — lui aurait été suggérée par l’un de ses amis, le marquis de Belloy, au retour d’un voyage d’Italie, où sans doute ce jeune homme avait découvert Dante ; et, depuis lors, entre la Divine Comédie du grand Florentin et la Comédie humaine de notre Balzac, c’est à qui nous montrera je ne sais quels rapports intimes et insoupçonnés du romancier lui-même. Mais la vérité, c’est que, de ces rapports intimes, on a beau y regarder, on n’en discerne seulement pas l’ombre ; et toutes les belles phrases qu’on pourra faire, sur l’enfer de Dante et l’enfer où s’agitent les « damnés » de Balzac, ne seront jamais que des phrases.

Je crois donc tout bonnement qu’en donnant à son œuvre ce titre de la Comédie humaine, Balzac a pris le mot au sens tout simple où l’avait pris Musset :

Toujours mêmes acteurs et même comédie ;
Et quoi qu’ait inventé l’humaine hypocrisie,
Rien de vrai là-dessous que le squelette humain.