Aller au contenu

Page:Brunetière - L’Évolution de la poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, t2, 1906.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
L’ÉVOLUTION DE LA POÉSIE LYRIQUE


En ce lemps-là donc, vous le savez, c’était en vain que les maîtres, ou plutôt les fondateurs de l’astronomie moderne, avaient démontré le contraire : la Terre passait pour toujours être le centre du monde ; et, sur terre, on continuait de croire, ou du moins on agissait, on pensait, on sentait même comme si l’on croyait que, depuis les « étoiles du ciel » jusqu’aux « poissons de la mer », tout eût été fait à l’usage de l’homme. Ai-je besoin, à ce propos, de vous rappeler les extravagances de Bernardin de Saint-Pierre, sa théorie du « melon », par exemple, ou de la citrouille ? et Buffon, qui est un autre homme, ne peut-il pas ici nous suffire ? Car vous vous souvenez comment sont classées les espèces dans son Histoire naturelle, d’après l’utilité que nous en pouvons tirer, le plaisir qu’elles nous procurent, ou le danger que nous en avons à craindre : espèces domestiques d’abord, le cheval et le bœuf ; celles que l’on chasse ensuite, comme le cerf ; enfin les carnassières.... Et cependant, c’est un libre esprit, c’est même un grand esprit que Buffon !

Trait pour trait, si je puis ainsi dire, à cette conception du monde et de la science répondait une conception de l’art que l’on peut nommer du nom général d’humanisme.

Minerve est la prudence et Vénus la beauté !