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Page:Brunetière - Questions de critique, 1897.djvu/230

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220 QUESTIONS DE CRITIQUE juger. C’est tant mieux s’il leur plaît, et, s’il ne leur plaît pas, c’est tant pis. Car un jugement n’est qu’une opinion, ou, moins encore que cela, une façon de penser ou de sentir, qui varie selon leur humeur même ou la couleur du temps. Ces vers sont-ils bons ? Il se pour- rait. Ce drame en est-il un ? Peut-être. Ce roman, qu’en pensez-vous ? C’est à savoir. Mais tout ce qu’ils accor- dent, c’est que ce roman leur a plu ou que ces vers les ont ennuyés. Que voulez-vous de plus ? et si, par hasard, ils approfondissaient les raisons de leur plaisir ou les causes de leur ennui, lesquelles en trouveraient-ils qui ne fussent encore et toujours l’ex- pression de leur tempérament ou de leurs préjugés? Et de là, dans les genres mêmes qui jadis l’eussent le moins permis, cet étalage naïf àuMoi; de là, dans la critique, cette substitution du goût de l’écrivain à la recherche de la valeur des œuvres ou de la loi des genres; de là enfin ce caractère personnel ou sub- jectif qui tend à devenir bientôt celui de toutes les formes de la littérature ; et de là, — pour en revenir à notre point de départ, — cette abondance de Jour- naux y de Mémoires et de Confessions.