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Page:Brunetière - Questions de critique, 1897.djvu/243

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LA LITTERATURE PERSONNELLE 233 ture. C’est comme tel qu’il part en guerre contre une société dont il n’est point, dont il ne veut pas èive,àL^ lia^ dans laquelle ij[ ne réclame point sa place (qu’on^A^ ^ s’empresserait de lui faire), mais dont le principe ^£^^ aristocratique répugne à ses instincts de Genevois ^-^-^tij^ démocrate autant qu’à son humeur paradoxale ^^""^^^jf^j^ farouche. Comme tel, ignorant l’art des convenances Qr^ mondaines, méprisant la politesse discrète et raffinée des salons et des cours, incapable d’ailleurs de se contenir, et confondant volontiers la franchise avec la grossièreté, il n’a point peur de hausser la voix, d’être ridicule en étant éloquent, de déclamer au besoin, de faire passer dans sa prose la mimique entraînante du geste populaire. Comme tel encore, il ne se croit tenu d’aucune tradition. Pas plus que les usages, les modèles ne sont faits pour lui; n’ayant pas eu de « maîtres », il ne veut point de « règles » ; et c’est ainsi qu’à l’imitation du passé, dont la litté- rature de son temps est en train de périr, il substitue w l’imitation de la nature et de la réalité. Mais sur-"|^J^^^^ tout, parce qu’il s’est fait lui-même, parce qu’il ne doit qu’à lui seul tout ce qu’il est devenu, parce qu’il sent qu’il est maintenant l’égal des plus illustres, il ne voit rien autour de lui de supérieur à lui, ni de c( meilleur », ainsi qu’il le dira dans ses Confes- sions. Il a le naïf, sincère et profond orgueil du par- venu : sa fortune est son œuvre, et son génie est sa créature; il se donne en exemple et se propose à rimitation. Et. comme il est Rousseau, comme ses