Aller au contenu

Page:Bruno Destrée - Les Préraphaélites, 1894.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ô sœur Hélène — avez-vous entendu la cloche,
sœur Hélène,
Plus fort que le carillon du soir elle a sonné.
Ce n’est point le carillon du soir, mais le glas funèbre,
petit frère !
(Ô mère, mère Marie,
Son glas funèbre, entre l’enfer et le ciel !)

Hélas ! je crains ces sons graves,
sœur Hélène,
Viennent-ils du ciel ou de la terre ?
Dites — ont-ils retourné leurs chevaux,
petit frère !
(Ô mère, mère Marie,
Que voudrait-elle encore, entre l’enfer et le ciel ?)

Ils ont relevé le vieil homme agenouillé,
sœur Hélène,
Et en silence ils chevauchent en toute hâte.
Plus rapide l’âme nue s’envole,
petit frère !
(Ô mère, mère Marie,
L’âme nue, entre l’enfer et le ciel !)

Oh ! le vent est triste dans le froid de fer,
sœur Hélène,
Et las et tristes ils semblent sur la colline.
Mais lui et moi sommes plus tristes encore,
petit frère !
(Ô mère, mère Marie,
Les plus tristes de tous entre l’enfer et le ciel.)

Voyez, voyez, la cire a coulé de sa place,
sœur Hélène,
Et les flammes gagnent et s’élèvent !
Mais elles ne brûlent ici que pour un temps,
petit frère !
(Ô mère, mère Marie,
Pour un temps ici, entre l’enfer et le ciel !)

47