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d’amour que cet amour gagne le cœur de tous ceux qui peuvent voir ces dessins et qu’ils en aiment l’artiste qui a su si bien comprendre et si bien rendre le caractère et la beauté que chaque chose de la nature possède quand on la regarde en elle-même ; il a en outre l’érudition nécessaire aussi à tous ceux qui veulent s’occuper d’art en général et spécialement d’art décoratif ; toutes les formes d’art il les a vues, il les connaît, elles sont classées dans son esprit et il met chacune d’elles à profit sans que sa haute et poétique personnalité en soit le moins du monde diminuée ; la science difficile de la composition, de l’arrangement, la science de la décoration il la possède à un degré qui n’est égalée pour moi par aucun artiste contemporain ; il m’apparaît enfin comme l’artiste décorateur idéal et je crois que c’est une bénédiction spéciale pour un pays que de posséder un pareil artiste.

Et je l’aime trop, bien entendu, pour risquer de le diminuer, ne fût-ce qu’un instant, dans la pensée du lecteur par des comparaisons ridicules et des éloges exagérés. Je ne dis pas un instant qu’il n’y ait eu avant lui des artistes supérieurs, très supérieurs même, dans telle ou telle branche des arts décoratifs. Cela est certain, mais ce que j’admire précisément chez M. Burne-Jones et ce qu’il me semble avoir possédé mieux que personne avant lui, c’est l’universalité des dons qui constituent l’artiste décorateur, ce qui lui a permis d’aborder, avec un égal succès, les branches si variées et si différentes les unes des autres de ces arts décoratifs.

Devant me borner en ce travail, qui n’est qu’une étude d’ensemble de l’école préraphaélite et de l’art décoratif anglais, je n’analyserai pas l’œuvre considérable de M. Burne-Jones dans chacune des branches de l’art décoratif. Je ne citerai ici comme exemple que les œuvres qui m’ont le plus particulièrement impressionné. Je citerai notamment les vitraux qu’il exécuta en collaboration avec M. Morris pour la cathédrale de Christ Church, la cathédrale de la vieille

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