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plus libre que les Universités, n’était pas plus libéral qu’elles. Il revint à la règle commune 1 ; les vieilles interdictions furent renouvelées. Le 9 janvier 1684, il fut défendu « de dicter ni expliquer en françois », comme d’entrer en chaire en habits indécents 2.

B. L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS.

On a vu plus haut, que dès 1620, un grammairien français, J. Godard, réclamait pour la langue française des écoles publiques, et que Richelieu avait eu l’intention d’en fonder une 3. Depuis lors, les demandes et les réclamations se multiplient.

PROTESTATIONS ET SUGGESTIONS DES GRAMMAIRIENS. — L’Avertissement aux prédicateurs tiré des S. Conciles et des Peres… (Périgueux, 1650), déclare que c’est une chose honteuse que « nous travaillions si longtems à apprendre toute la beauté du Grec et du Latin, et que jamais nous ne nous appliquions au François 4. »

« Je ne vois point, écrit Jobard en 1675, que dans tous les lieux où on enseigne l’Ecriture ou la Lecture, on instruise les Ecoliers des Principes de nôtre Langue, ny même des veritables Regles de l’Ortografe… il se pouroit faire que cette Methode leur donnât plus de connoissance de la Langue Françoise, qu’ils n’en auraient par la seule étude du Latin... Des personnes de quelque consideration font des fautes tres-lourdes dans nôtre Langue,... ces défauts n’ont point d’autre source qu’une ignorance des Regles de la Grammaire ; je sçay bien que la bonne education peut suffire pour estre correct dans ce que l’on dit, mais outre qu’il y a toûjours quelque façon de parler, que l’on n’a point apris par cette voye ;... l’on ne peut sçavoir la veritable raison, pour laquelle une chose est bien ou mal dite, sans avoir quelques Principes de la Grammaire. » (Exerc. de l’Esprit, Préf., 1-3). « Il est nécessaire d’étudier sa Langue, il seroit mesme à propos qu’on y appliquast de bonne heure les enfans, observe à son tour Andry de Boisregard, et qu’on eust soin de leur donner des Maistres, qui en leur enseignant des Langues.

1. Au XVIIe siècle, il y a juste un programme en français, celui de Michel Denyau (1669).

2. En ce mesme jour, sur ce qu’on a représenté que quelque professeur s’estoit donné la liberté d’entrer en chaire avec un habit fort indécent et qu’on avoit faict des leçons françoises, il a été défendu à quelque professeur que ce soit d’entrer en chaire pour enseigner autrement qu’avec une robe et un bonnet quarré et de dicter ny expliquer en françois (Archives du Coll. de France, Reg. I, fo 49).

3. Tome III, p. 716.

4. Voir Gougel, Bib. fr., II, 169-170.