Page:Buckingham - Tableau pittoresque de l’Inde.djvu/31

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porter sur la côte de Zanguebar ; là de convoyer plusieurs de ses batimens chargés d’esclaves et de prendre à mon bord un certain nombre de ces malheureux. Mon horreur pour le commerce abominable des esclaves ne m’eût pas permis de remplir une pareille mission, m’eût-elle présenté mille fois plus d’avantages encore ; plutôt que de devoir la richesse à une source aussi infâme, je résignai mon commandement, et fis le sacrifice de la fortune qu’il me garantissait pour l’avenir.

C’est à cette époque que je fis connaissance, à Calcutta, de M. John Palmer, le plus riche négociant de l’Inde, que personne ne peut connaître sans éprouver pour lui un sentiment d’amour et de vénération. Ce fut lui qui le premier me suggéra l’idée de consacrer à la politique et à la littérature des talens jusqu’alors dévoués exclusivement à la marine. À cette première suggestion, vinrent se joindre les encouragemens flatteurs d’hommes véritablement supérieurs, tels que le marquis d’Hastings, alors gouverneur général des Indes, l’évêque de Calcutta, et un grand nombre d’autres personnages, non moins distingués dans l’Inde par leur rang que par leur savoir. Je cédai à des sollicitations si pressantes et si nombreuses, et consentis à fonder à Calcutta un journal à la rédaction duquel devaient présider les principes libéraux qui étaient dans mon cœur, et qui ont caractérisé tous