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COQUILLES CLOISONNÉES MICROSCOPIQUES.

se faire une idée de leur petitesse excessive d’après ce fait qu’il en peut passer des quantités énormes à travers les trous d’un papier percé avec l’aiguille la plus fine. Notre intelligence aussi bien que nos yeux nous font promptement défaut dans nos efforts pour atteindre les infiniment petits auxquels nous sommes conduits, lorsque nous nous rapprochons ainsi des extrêmes les plus exigus de la création.

De pareils amas de coquilles microscopiques ont également été observés dans divers dépôts des formations d’eau douce. Nous en pouvons citer un exemple frappant dans l’abondance avec laquelle sont répandus les restes d’un crustacé microscopique du genre cypris. Cet animal est renfermé entre deux valves aplaties comme celles des coquilles bivalves, et on le trouve à l’époque actuelle dans l’eau des lacs et des marais. Or certains lits d’argile de la formation Wealdienne, inférieure à la craie, sont si abondamment remplis des valves microscopiques du cypris faba, que la surface des lames nombreuses dans lesquelles l’argile se laisse facilement diviser en est souvent tout à fait couverte comme de petites graines. Les mêmes valves se rencontrent aussi dans le sable et dans le grès de Hastings, dans le marbre de Sussex, et dans le calcaire de Purbeck, qui se sont déposés à la même époque géologique dans un ancien lac ou golfe où les couches de cette formation se sont amoncelées jusqu’à une épaisseur de près de mille pieds[1].

Une nouvelle preuve de cette longue durée des périodes géologiques se rencontre dans une autre série de formations lacustres plus récentes que la craie ; nous voulons parler de ces grands dépôts d’eau douce de la France centrale, lesquelles appartiennent à la période tertiaire. La province d’Auvergne offre une surface de quatre-vingts milles sur vingt où les couches

  1. Dr. Fitton’s geol. Sketch of Hastings, 1833, p. 68.