Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
OSSELETS DORSAUX DE CÉPHALOPODES.

ganes dans les calmars, dont nous sommes à même d’étudier l’organisation à l’état vivant[1].

La conservation de cette encre à l’état fossile trouve du reste son explication dans la nature indestructible du carbone qui en est l’élément principal. D’après ce qu’en dit Cuvier, l’encre de la seiche commune est un liquide épais, de la consistance d’une bouillie, et tout à fait analogue à l’encre d’imprimerie, contenu dans les cellules d’un réseau lâche qui remplit la cavité du sac. On conçoit donc qu’une substance de cette nature ait pu passer à l’état fossile sans que son volume ait beaucoup diminué[2].

On voit représenté dans la planche 28, figure 5, le réservoir d’une seiche, renfermant l’encre desséchée : son volume diffère peu du volume primitif ; sa forme est exactement celle d’un grand nombre de réservoirs d’encre fossilisés {pl. 29, fig. 3-10), et l’encre solidifiée qu’elle renferme ne diffère de l’encre fossile que parce que cette dernière est imprégnée de carbonate de chaux.

  1. Pl.28, fig. 1.
  2. On pourra juger par le fait suivant jusqu’à quel point l’encre fossile des céphalopodes conserve son caractère et ses propriétés. En 1826, je communiquai un fragment de cette encre à mon ami sir Francis Chantrey, afin qu’il eût à l’essayer comme substance propre à la peinture. Après l’avoir broyée, il s’en servit en effet pour exécuter un dessin au lavis ; et ce dessin ayant, été mis sous les yeux d’un peintre célèbre sans qu’on lui eût fait connaître à l’avance là substance colorante que l’on avait employée, il dit immédiatement que c’était là une sépia d’excellente qualité, et pria qu’on voulût bien lui indiquer chez quel fabricant de couleurs on l’avait achetée. La sépia ordinaire dont on se sert pour la peinture provient d’une espèce de seiche de l’Orient. On assure que l’encre de seiche à l’état naturel n’est soluble que dans l’eau, et qu’elle s’y dissémine instantanément en y formant un nuage étendu ; ce sont là des propriétés qui la rendent éminemment propre à remplir, dans le seul fluide où elle soit versée naturellement, les fonctions auxquelles elle a été destinée.