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TRILOBITES.

trilobites. La différence la plus importante qui sépare ces deux groupes consiste dans la série nombreuse de pattes et d’antennes crustacées que possède le premier, tandis que l’on n’a rencontré jusqu’ici aucun vestige de ces organes en connexion avec des débris ayant appartenu au second, M. Brongniart explique l’absence de ces organes par l’hypothèse que les trilobites formaient, dans la série des crustacés, un groupe à antennes très petites ou même nulles, et dont les membres, transformés en des lames ou pattes molles et facilement destructibles, supportaient des branchies ou des organes filamenteux destinés à la respiration aquatique, et non susceptibles de conservation.

Les limules[1], ou crabes des Moluques, sont, après les précédens, ceux qui se rapprochent le plus des trilobites. Ce sont des crustacés qui abondent maintenant dans les mers des climats chauds, et surtout dans les mers de l’Inde, et sur les côtes de l’Amérique[2]. Leur histoire est importante à cause du passage qu’établissent ces animaux entre les formes éteintes de la classe des crustacés et les formes actuellement existantes. On en a rencontré à l’état fossile dans le groupe carbonifère des comtés de Strafford et de Derby, et dans le calcaire jurassique d’Aichstadt, près de Pappenheim, en même

    trente milles des côtes, à une profondeur de quarante brasses ; il en a trouvé aussi au port Famine, dans le détroit de Magellan, qui avaient été rejetés par la marée, et le rivage, dit-il, était littéralement recouvert de leurs petits cadavres. Cet observateur s’est assuré en outre que, pendant leur vie, ces crustacés nagent tous contre le fond de la mer, parmi les plantes marines. Leurs mouvemens sont lents et graduels, et ne ressemblent en rien à ceux d’une chevrette ; jamais il ne les a vus venir à la surface ; et leurs membres lui ont paru conformés d’une manière spéciale pour nager et ramper au fond des eaux.

  1. Lamarck, T. 5, p. 115.
  2. Pl. 45 fig. 1, 2.