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ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

riaux du globe, liquéfaction due à l’action d’une chaleur intense. C’est aux dépens de cette masse liquide de métaux et de bases métalloïdes terreuses ou alcalines, et à la suite de l’oxidation de ces mêmes bases que la première écorce granitique paraît s’être formée ; puis dans la suite elle a dû se briser en fragmens qui ont pris des niveaux différens au dessus ou au dessous de la surface des premières mers.

Partout où la matière solidifiée s’élevait au dessus des eaux, elle trouvait dans les agens atmosphériques plus d’une cause de destruction. Les pluies, les torrens et les inondations qui agissaient probablement alors avec une grande violence en détachaient les matériaux des premières roches stratifiées, et les étendaient au fond des mers sous forme de vase, de sable ou de gravier ; puis ces mêmes matériaux exposés dans la suite aux diverses températures produites par la chaleur centrale se convertirent en lits de gneiss, de micaschiste (micaslate), d’amphibolite schistoïde (hornblende slate), et de schiste argileux (clay state). Dans les détritus ainsi balayés des premières terres dans les mers les plus anciennes, nous voyons le commencement de cette série énorme de couches dérivées, qui, par la répétition des mêmes procédés, se sont accumulées jusqu’à une épaisseur de plusieurs milles[1].

  1. M. Conybeare (dans son admirable Rapport sur la Géologie fait à la Société britannique pour l’avancement de la science, 1832, p. 367) fait voir que plusieurs des principes les plus importans de la théorie ignée, lesquels ont trouvé dans les découvertes modernes une démonstration à peu près complète, avaient été déjà prévus par l’universel Leibniz. — Dans la première section de son Protogœa, Leibniz a esquissé habilement les vues générales, et il serait difficile, même aujourd’hui, d’exposer plus clairement les principes fondamentaux nécessairement communs à toute théorie dans laquelle on attribue les phénomènes géologiques en grande partie à l’action d’un feu central. Selon lui, les roches primitives et fondamentales sont dues au refroidissement de l’enveloppe d’un noyau volcanique, opinion tout-à-fait d’accord avec celle