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Étangs et marais littoraux


Les marais et étangs, qui forment une zone ininterrompue depuis Vensac jusqu’à Arcachon au pied et à l’est des dunes, sont une conséquence de ces dernières. Ils proviennent des eaux du pays amassées à la base des dunes et aussi, sur plusieurs points, de la fermeture par les sables d’anciennes échancrures de la côte, golfes ou estuaires.

En effet, l’ensemble de la moitié occidentale du Médoc s’incline vers l’ouest en pente très douce, il est vrai, pour arriver par-dessous les dunes au niveau de la mer. Il est facile de s’en convaincre en observant que l’altitude du terrain varie de 5 à 10 mètres du nord au sud dans la partie est des communes de Vensac, Vendays et Naujac, alors qu’au bord de l’océan, dans ces mêmes communes, le sol affleure à peu près au niveau de la mer, au pied de la dune littorale (V. le profil pris entre Hourtin et Pauillac, que donne M. Chambrelent dans son ouvrage : Les Landes de Gascogne). On conçoit dès lors, comment les eaux de toute cette partie du Médoc, qui, avant les dunes, se déversaient à la mer par divers cours d’eau (rivières, crastes, esteys, charrins) aujourd’hui obstrués et comblés par les sables, comment ces eaux ont été arrêtées par ces mêmes dunes et se sont accumulées contre ce gigantesque et infranchissable barrage en nappes de profondeur variable selon le relief du terrain.

De plus, la côte était autrefois sinueuse et découpée, elle présentait des parties rentrantes plus ou moins profondes, estuaires ou petits golfes, qui sont devenus les étangs d’aujourd’hui, par une transformation dont voici l’exposé.

Lorsque les cataclysmes du vie siècle eurent détruit l’ancien équilibre de la côte, les courants marins, qui du nord au sud charriaient les sables en même temps qu’ils corrodaient les pointes et les promontoires, déposaient leurs matériaux en arrivant dans les eaux calmes des golfes, obéissant en cela à la loi générale des sédimentations. Ces dépôts continuels ont rapproché peu à peu l’une de l’autre les deux pointes qui marquaient l’entrée du golfe ; ils exhaussaient aussi par places le fond de celui-ci. Généralement la pointe nord était prolongée vers le sud pendant que les courants faisaient reculer la pointe sud, mais la corrosion au sud étant plus lente que l’atterrissement au nord, la jonction finissait par se faire (cela se passe actuellement à Arcachon).

Au bout d’un certain temps, un cordon littoral a été constitué, ré-