rins. Nous l’avons déjà dit d’une façon générale en traitant de la formation des dunes.
Au surplus il suffit de parcourir la côte, d’examiner les profils donnés ci-joint pour constater que la mer a autrefois, comme de nos jours, vomi sur sa rive d’énormes quantités de sable qui, poussées par le vent d’ouest, ont marché sur le pays et se sont ajoutées, sur plusieurs points, aux collines de sable rendues mouvantes par les déboisements. Cela est manifeste.
L’inventaire cité tout à l’heure le démontre jusqu’à l’évidence. Ne dit-il pas au xvie siècle : « les sables de la mer » pour désigner les dunes envahissantes !
Si l’apport des courants marins avait été nul ou négligeable, l’énorme volume des dunes modernes n’aurait jamais pu être fourni par les seules dunes anciennes. Celles-ci se seraient éparpillées, épuisées, sous l’action des vents et dans les divers accidents du terrain avant d’avoir pu constituer les montagnes que nous voyons aujourd’hui ; elles n’auraient pas suffi non plus, ou plutôt il leur aurait été impossible de former tous les étangs et marais littoraux qui existent et d’obstruer les boucauts ou canaux naturels qui reliaient autrefois ces Étangs à la mer. Il a fallu tous les sables apportés par les courants marins pour effectuer ce travail considérable que nous allons étudier.
Enfin, d’où viennent ces sables vomis par la mer ? Où est la source de ces incessantes alluvions ? Les uns y voient avec Brémontier des débris arrachés par l’érosion marine aux côtes rocheuses de France et d’Espagne. Cela semble logique.
Pour d’autres, dont MM. Delfortrie, Élisée Reclus, la cause de ces apports continuels est dans l’affaissement des côtes gasconnes. Le sable est enlevé au terrain pliocène immergé qui se retrouve au large à plus de 10 kilomètres de Capbreton, 20 kilomètres du Cap Ferret, 120 kilomètres de la Pointe de Grave. Le fait de retrouver sur les plages des galets et des blocs, évidemment arrachés aux assises d’alios ou de tourbe lignitiforme que recouvre le sable des plages et des dunes, vient à l’appui de cette thèse.
Cependant nous hésitons à admettre ce pliocène immergé comme la source unique des sables de nos côtes ; car ce sable paraît trop pur et trop fin pour ne pas avoir été longtemps charrié par les courants marins et ne pas venir de fort loin ; de plus parmi les galets que les vagues amassent par endroits sur les plages, comme à Montalivet, il en est beaucoup qui semblent absolument étrangers aux roches sédimentaires du plateau gascon.