Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/158

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sans essence, et de faire la térébenthine au soleil. Les usines à alambics s’installèrent et fabriquèrent avec les procédés perfectionnés modernes. (V. Notice sur le pin maritime, Lorentz, Annales forestières, 1842).

Durant la période de 1840 à 1877, le prix courant de la barrique de résine (de 235 titres en moyenne), prise en forêt, subit des variations considérables. En 1843, lors des premiers gemmages dans les dunes du Flamand, ce prix était de 30 fr. Il se maintint à peu, près tel jusqu’à l’époque de la guerre de Sécession d’Amérique (1861-1865). Pendant la durée de cette guerre, les arrivages des résines américaines cessèrent à peu près totalement. Les résines françaises, débarrassées alors de cette concurrence, firent prime, et le prix de la barrique atteignit 200 fr. en Médoc. Ce fut pendant quelque temps la fortune du pays; malheureusement les résiniers et les propriétaires de forêts gaspillèrent pour la plupart l’argent qu’ils gagnaient en aussi grande quantité. C’est alors qu’on voyait des ouvriers résiniers ayant touché leur salaire en écus de 5 fr. et se rendant à leur village, se faire accompagner d’un homme qu’ils chargeaient de porter leur argent et dont ils payaient la journée pour cela ! Après la guerre, les importations d’Amérique reprirent. Le prix de la barrique de gemme redescendit brusquement à 50 fr., puis 44, puis 30, et même 35 fr.

Quant aux bois abattus par éclaircies.ils furent le plus souvent vendus en adjudication publique à Soulac, à Vendays, à Lesparre, à Hourtin et à Carcans. Ils ne trouvaient du reste acquéreurs qu’à des prix assez bas, eu raison surtout de la difficulté de leur vidange.

Enfin, l’on ne négligeait pas les produits accessoires, comme la chasse. L’année même de la remise des semis de Soulac, le 21 novembre 1833, l’Administration forestière affermait le droit de chasse dans 1200 hectares de ces jeunes bois, pour 6 ans, moyennant le prix de 360 fr.

Notons aussi qu’une verrerie avait été installée dans le communal de Vendays, près de St -Nicolas, vers 1855. On y faisait surtout des bouteilles en verre clair très appréciées. À proximité et en abondance se trouvaient le sable et le bois, néanmoins cette entreprise s’anéantit de bonne heure.

Telle était la situation des dunes, les Ponts et Chaussées continuant la grande œuvre de Brémontier et avançant de jour en jour dans la fixation des sables mobiles et dévastateurs, l’Administration des Eaux et Forêts prenant ensuite la gestion des bois ainsi créés et procédant à leur mise en valeur, lorsqu’en 1863 intervînt le décret des 29 avril- 16 mai réorganisant les attributions de ces deux administrations et ordonnant qu’à partir du 1er  juillet 1862, le service des Ponts et Chaussées cesserait de s’occuper de la fixation des dunes, qui serait désormais entièrement confiée au service forestier. La mesure était rationnelle et excellente. La majeure partie des travaux, en effet, consistait en ensemencements ; les ouvrages d’art (palissades et clayonnages) en