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Ces différences ne modifient en rien les caractères généraux donnés tout à l’heure et qui font du sable un sol sec, froid et très pauvre en éléments nutritifs.

On remarquera d’abord que le sable des dunes de Soulac est légèrement gris, fin, et renferme un peu de mica et de fer en grains noirs avec quelques minuscules débris de coquilles ; que celui des dunes d’Hourtin et Carcans est plutôt jaunâtre, un peu plus gros, sans mica ni coquilles, et ne contient que très peu de fer. Le dernier est le plus aride du Médoc. Le premier présente une fertilité relative et nourrit une bien plus grande variété d’essences ligneuses ou herbacées. Cette différence tient, d’une part, à ce que les dunes soulacaises peu élevées reposent sur un terrain autrefois à l’état de culture et de marais, où les racines des végétaux parviennent à trouver de l’eau et des matériaux de nutrition, et que l’érosion marine a mêlé au sable des parcelles désagrégées du sol primitif sous-jacent ; d’autre part, à ce que les dunes d’Hourtin et de Carcans proviennent de sables charriés de loin par la mer, par conséquent nettoyés de parties désagrégeables, et accumulés en masse considérable à l’entrée d’un ancien golfe marin dont le fond ne peut être atteint par les racines des plantes de la surface des sables.

Parfois, les fortes marées rejettent sur les rives du Bas-Médoc et notamment de Soulac un sable violacé formé de petits grains bruns, rouges ou violets de quartz et de fer oxydulé magnétique (13,5 %). On y trouverait même 1,3 % de calcaire (M. Delesse).

On peut observer encore que le sol de la forêt de Carcans et de la partie sud de la forêt d’Hourtin est très sec, très peu enherbé ; que les garde-feu y sont naturellement propres et presque toujours à sable blanc ; qu’au contraire, dans la forêt du Flamand, l’herbe est abondante, pousse drue dans certains endroits où l’on voit aussi des touffes vigoureuses de roseaux, que les garde-feu y sont rapidement envahis par la végétation herbacée et arbustive, qu’enfin le sol y semble généralement moins sec que dans les dunes voisines du sud. Cela s’explique par ce fait que les sables du Flamand ont une faible épaisseur verticale et recouvrent un sol primitif abiotique ou argileux sur lequel existe une vaste nappe d’eau, celle qui suinte à la côte. Rappelons d’ailleurs qu’au xviie siècle cette région portait le nom significatif de quartier aux fontaines. À Carcans et à Hourtin, ce sous-sol et cette nappe aquifère manquent ; les sables reposent sur un fond de golfe et ont une épaisseur verticale considérable.

Le sable paraît avoir la propriété de conserver mieux que les autres terrains les bois qui y sont enfouis. Cela tient sans doute à sa siccité habituelle, et à ce qu’il n’y a jamais d’alternatives d’eaux stagnantes et de sécheresse. Pour la même raison, la matière organique s’y décompose lentement. Le chêne y dure très longtemps. Il y a des poteaux de cette essence qui depuis 50 ans marquent des limites de lèdes et sont encore bons. D’expériences faites, il résulte que les pi-