lées les plus vives. Ses feuilles filiformes, groupées en touffes, à limbe très étroit enroulé sur lui-même, lui donnent l’aspect d'un jonc très fin. Mais en été, des épis très denses, portés sur de longues hampes, émergent des feuilles. Sur les nœuds des tiges enfouis dans le sol naissent des racines adventives qui, en se fortifiant, forment des stolons, lesquels produisent ensuite de loin en loin de nouvelles touffes de tiges et de feuilles. La facilité de production de ces racines adventives permet au gourbet de végéter dans les sables mouvants. À mesure que les tisses sont ensablées, leurs nœuds émettent successivement des racines qui remplacent celles trop profondément enterrées, les tiges s’allongent et la plante monte ainsi en même temps que le sol où elle vit. Les sujets les plus prospères sont ceux qui sont souvent arrosés par le sable que pousse le vent et qui se rajeunissent constamment par leurs parties supérieures. C’est sur cette particularité d’enracinement et cette aptitude à la végétation dans un sol mouvant qu’est basée l’utilisation du gourbet pour les travaux des dunes. Sur les parties de sable blanc qu’on veut fixer ou sur lesquelles on veut accumuler les sables que re- jette la mer, on plante des touffes composées de 2 à 4 pieds. Elles sont d’une reprise presque assurée, pourvu que les tiges principales aient au moins deux nœuds aptes à émettre des racines. Plus les touffes sont rapprochées, mieux évidemment elles retiennent le sable. Il paraît que le gourbet a été utilisé sur les sables dès le xiiie siècle à Bayonne.
À côté du gourbet dans les sables mouvants, et plus commun que lui sur tous les sables nus, se rencontre le carex arenaria qui ressemble au chien-dent et est appelé bérole dans le pays. Cette cypéracée fixe aussi très bien les sables, car chaque plant émet de nombreux stolons qui, partant de la souche-mère comme centre avec la régularité des rayons d’une étoile, se prolongent jusqu’à 5m de distance, en donnant naissance tous les 15 ou 20 centimètres à un plant appelé à devenir souche-mère à son tour. Il en résulte un véritable feutrage de racines qui affermit tout à fait le sable. Cependant ce carex, moins grand que le gourbet et d’un maniement moins facile, n’est pas utilisé dans les travaux des dunes.
Au gourbet et au carex, principalement sur la dune littorale, est souvent mêlé un chien-dent très vigoureux, l'agropyrum junceum.
Sur la dune littorale et dans les lèdes très proches de la mer, on trouve aussi à côté des plantes précédentes : un liseron à tige rameuse, à fleurs blanches marquées de rose, le convolvultis soldanella ; la roquette de mer (cakile maritimum), crucifère qui se réensemence tous les ans par d’abondantes graines très dures ; une euphorbe (euphorbia paralias) ; la bugrane champêtre (ononis campestris) ; enfin une ombellifère bizarre qui a tous les dehors d’un chardon et qui pourrait fournir des motifs intéressants de décoration sculpturale. Elle a un capitule ovoïde de fleurs violacées épineuses, des feuilles charnues d’un bleu glauque, palmatilobées, froncées et bordées de piquants acérés, c’est le panicaut maritime (Eryngium maritimum). Les gens du pays