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Les quelques autres arbres feuillus spontanés que l’on peut rencontrer dans les régions des dunes, sont seulement : le peuplier noir (populus nigra) et sa variété pyramidale (p. d’Italie, p. nigra pyramidalis) ; l'orme champêtre avec sa variété subéreuse (ulmus campestris et suberosa) qui ne croissent spontanés qu’à Soulac dans quelques lèdes boisées à sol relativement frais ; le poirier sauvage (pirus communis), espèce représentée par quelques individus isolés crus dans les Monts d’Hourtin et de Carcans, ou semés par les oiseaux dans quelques lèdes de la forêt d’Hourtin ; le bouleau verruqueux (betula verrucosa) et l'aune glutineux (alnus glutinosa) qui ne se trouvent que dans ces mêmes Monts au bord des marais ou dans les marais eux- mêmes.

Arbres subspontanés. — Nous avons nommé toutes les essences ligneuses et les principales espèces herbacées des dunes qui y sont spontanées, c’est-à-dire celles qui y croissent d’elles-mêmes par drageons et rejets ou au moyen de leurs semences jetées par les vents ou portées par les oiseaux. Après doivent être placées les espèces subspontanées, c’est-à-dire qui, importées par l’homme à une date relativement récente, se sont naturalisées et se reproduisent nettement d’elles-mêmes dans les sables. Ces espèces sont au nombre de deux seulement : le robinier faux-acacia (robinia pseudo-acacia), vulgairement appelé acacia tout court, et l’ailanthe ou vernis du japon (ailanthus glandulosa). L’acacia, américain d’origine, déjà tout à fait naturalisé en France, s’est aussi très vite naturalisé dans les sables où il se reproduit par semences ou par drageons. Il est assez abondant à Soulac dans certains des bouquets de feuillus qui se trouvent au milieu des pins. Dans les autres dunes, on ne le trouve plus qu’en deux ou trois endroits, comme à Grandmont, où il a été récemment planté. Bien moins répandu, mais drageonnant avec plus de vigueur peut-être, sur les quelques points où il se trouve, est l’ailanthe, importé de Chine. On l’a planté auprès de quelques maisons de préposés ou sur des garde-feu. Les plants sont devenus des arbres de bonne végétation qui tout autour d’eux se multiplient par des rejets très vigoureux, surtout après recépage. Au carrefour des garde-feu de la Maison de Grave, forêt domaniale de Soulac, on peut voir un massif très dense de beaux rejets d’ailanthe qui a exclu tous autres végétaux des quelques mètres carrés de terrain qu’il occupe et paraît devoir s’étendre aux dépens du peuplement contigu. Placé trop près des puits, comme au Mourey, par exemple, cet arbre a le grave inconvénient d’en rendre l’eau mauvaise au goût et même dangereuse à la santé, soit par ses feuilles et fleurs qui y tombent, soit par ses racines qui passent dans les fissures des parois en maçonnerie ou en bois des puits. Le suc résineux contenu dans ses fleurs, ses feuilles, ses pousses et ses racines, est non seulement d’odeur très désagréable, mais encore très toxique, au moins pour les oiseaux de basse-cour.