Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/80

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parlent plus puissamment que tout ce qu’on pourroit dire, et démontrent la nécessité de chercher des moyens pour prévenir la perte totale du pays des Landes… »

« … Ces sables s’avancent dans les terres et changent quelquefois de local, en sorte qu’il y a des temps ou cette ancienne église paroit en partie découverte… Cette Église,… qui ne se trouve plus qu’à la distance d’un demi-quart de lieue de la mer, ou de quatre cent soixante-quinze toises ». (926 mètres.)

« Celle-ci étoit située sur une hauteur, dont le fond paroissoit ferme et solide. Les anciens habitants de cette Paroisse prétendoient que les terres situées au midi, couchant et nord de cette Église formoient autrefois une vaste et fertile plaine, d’un terrein inégal et mêlé de monticules, de pays plat et de quelques marais. On n’y voit maintenant qu’un pays aride, désert, un pays couvert de dunes et de sables, de différentes élévations et de diverses consistances, que la mer a déposés sur ses bords, et que les vents ont transportés et accumulés dans cette plaine. Ces sables ont entièrement couvert l’ancien bourg de Soulac qui étoit considérable. On ne voit plus autour de l’ancienne Église, qui étoit située dans le bourg, que des pierres, des briques éparses çà et là, des fondements de maisons et moulins à vent… Les sables font tous les jours de nouveaux progrès. Ils ont déjà gagné un quart de lieue de terrein entre l’ancienne et la nouvelle église… »

« … La paroisse de Soulac est en plaine ; en général le terroir y est assez gras ; mais les sables, qui s’avancent continuellement sur » la partie qui est en culture, font que ce terroir devient sablonneux ; le restant est marécageux ou terrein de palu. La partie marécageuse est très coupée… aussi y engraisse-t-on quantité de bœufs et y élève-t-on des chevaux. On y entretient aussi quantité de moutons, ce qui occasionne un débit considérable de laine… »

« … Il y existe de très beaux marais salans, qui fournissent beaucoup de sel ; il résulte d’une charte de l’an 1195 que, dès lors, on y avoit pratiqué de pareils marais… Il y croit d’ailleurs de très beaux fromens et d’excellens légumes. Le lieu appelle les Beausses est en particulier réputé pour très fertile… »

« … Le bourg de Soulac est à la distance de trois quarts de lieue du fleuve de Gironde, sur lequel il n’y a point de port pour embarquer les denrées. On ignore si un ancien port, appelé Lairon, et dont il est fait mention dans une charte de 1195, existe encore dans Soulac. »

Baurein ajoute qu’il n’y a que trois chenaux pour embarquer les denrées : celui de Neyran, celui du Vieux Soulac et celui de la Pointe ou du Verdon, et qu’« on met en état les batteries de la Chambrette, de la Pointe de Grave et de Gérofle. »

Il dit encore de Soulac : « Cette paroisse a environ cinq à six lieues de circuit, le quartier le plus éloigné est celui de la Pointe-de-Grave