notaire royal, le curé et les habitants de Soulac exposent que les sables couvrant l’église et empêchant d’y pénétrer, ils avaient voulu la démolir et transporter les matériaux en un lieu convenable pour en rebâtir une autre nouvelle. Mais la Chambre de Commerce de Bordeaux ayant représenté au Ministre que, la cage du clocher de l’église étant une balise indispensable à la navigation, il fallait laisser subsister l’église, « M. le Ministre, porte l’acte, aurait fait offrir auxdits habitants par Mgr l’Intendant de Bordeaux la somme de 10 000 livres pour les indemniser desdits matériaux… Les habitants ont délibéré tous d’une voix unanime de faire comme ils font par le présent acte, cession, abandon et transport de ladite église en faveur et au profit du Roy pour en disposer ainsy et comme il trouvera à propos, moyennant ladite somme de 10 000 livres à eux offerte et pouvoir retirer les matériaux qui ne sont pas nécessaires pour la conservation de la cage du clocher… »
Dans un acte passé devant Me Despiet, notaire à Bordeaux, le 3 juin 1744, cette vente est ratifiée par le « révérend père dom Cézar Arribal, prieur de l’abbaye de Ste-Croix de Bordeaux, congrégation de St-Maur, agissant en qualité de procureur constitué du révérant père dom Jean-Louis Secousse prestre religieux de ladite congrégation de Saint-Maur et prieur titulaire du prieuré simple et régulier de Notre-Dame de Soulac,… ». Les matériaux de la vieille église étaient estimés 30 582 livres. Le roi ajouta à titre gracieux 500 livres aux 10 000 stipulées au marché ci-dessus.
À 70 mètres environ au sud-est de l’abside de l’église, sur un petit tertre, se trouvait un moulin à vent qui servait aussi de balise pour la navigation. En 1756, le baron d’Arès, son propriétaire, est obligé d’entretenir deux attelages de bœufs toute l’année pour déblayer le moulin. Ce dernier a été démoli dans la suite, en 1858, pour fournir des matériaux d’empierrement au chemin qui passe aujourd’hui devant le monastère, presque sur son emplacement, reliant Soulac à la grand’route.
Dès 1771 (carte de Magin), les sables couvrent entièrement Soulac et les alentours ; les nefs de l’église sont combles, seuls le clocher et le moulin voisin émergent de ce désert de sable.
Baurein, dans ses remarquables Variétés Bordelaises, a consigné de précieux renseignements sur ce point intéressant du Bas-Médoc.
« On observera que les sables qui ont couvert l’église de Soulac, et qui, pour cette raison, fut abandonnée en l’année 1774, l’ont déjà outrepassée, et qu’ils continuent à s’avancer vers le levant. Il y a des temps où cette église paroit à découvert ; mais des nouveaux sables que la mer dépose continuellement sur nos côtes et que l’impétuosité des vents accumule en montagnes, la couvrent de nouveau… Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les suites déplorables des progrès des sables : une étendue immense de champs autrefois fertiles, couverts depuis longtemps par les eaux des marais, ou qui n’offrent plus qu’une surface stérile, et qui sont changés en affreux déserts,