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II. VARIATIONS DES RIVES OCÉANIQUE ET FLUVIALE ET LEURS CAUSES.

Considérations générales sur les variations des rivages.

Les lignes des rivages maritimes ne sont pas fixes. Elles subissent des déplacements plus ou moins lents, plus ou moins accusés, dont les causes souvent multiples sont encore imparfaitement connues.

En voici quelques exemples entre mille : Les terres voisines du pôle boréal, telles que la Nouvelle-Zemble et le Spitzberg, augmentent d’étendue aux dépens de la mer. La péninsule Scandinave est affectée d’un mouvement assez complexe qui se traduit, en général, par l’émersion de la partie nord et par la submersion de la partie sud. L’Écosse se soulève. Les Pays-Bas s’affaissent. La côte d’Italie présente des traces d’émersion dans tes temps préhistoriques et d’immersion depuis l’époque historique. L’isthme de Corinthe est plus étroit qu’autrefois. La Chine subit un mouvement d’oscillation semblable à celui de la Scandinavie. Sur les côtes de France, les faits du même genre abondent : La Flandre, aux environs d’Ardres, a été submergée vers le milieu du IIIe siècle, puis s’est relevée ; la mer remontait autrefois jusqu’à Abbeville, tandis que les vaisseaux ne dépassent pas de nos jours St-Valéry ; les falaises de Normandie reculent peu à peu ; les rochers du Calvados ont certainement fait partie jadis de la terre ferme. Vers le VIIIe siècle, la forêt de Scissy, prés du Mont St-Michel, a été engloutie par la mer, et Jersey attenait autrefois au Cotentin ; les côtes de Bretagne présentent presque partout des signes de submersion. Celles du Poitou, de l’Aunis, de la Saintonge et le littoral du golfe de Lyon, n’ont cessé de gagner du terrain depuis l’époque historique.

Ces phénomènes ont été interprétés de diverses façons et beaucoup d’entre eux paraissent dus à des causes différentes. Les limons charriés par les cours d’eau augmentent les terres aux dépens des mers comme cela a lieu dans les deltas et aux embouchures des fleuves méditerranéens (Rhône, Pô, Nil). Mais ces alluvions vaseuses se tassent