beaucoup, quoique très lentement, et il en résulte un affaissement du niveau général, surtout si, par l’endiguement des fleuves, l’homme empêche le colmatage du sol. C’est le cas des Pays-Bas.
M. Bouquet de la Grye a fait remarquer que le degré de salure des mers influe sur leur niveau. Deux mers inégalement salées et communiquant ne peuvent être au même niveau pour se faire équilibre ; l’égalité de poids et l’inégalité de densité nécessitent l’inégalité de volume. Si la salure vient à varier, ainsi que cela se produit près des pôles par suite de la fusion d’une partie des glaces ou de la congélation d’une partie des eaux, le niveau variera conséquemment. Les émersions constatées en Scandinavie ne proviendraient-elles pas de l’augmentation reconnue des glaces arctiques, au moins en partie?
On a pensé aussi à rattacher ces phénomènes, au moins ceux de submersion, à une cause astronomique générale. Dans son mémoire sur les Révolutions de la mer, M. Adhémar expose une théorie fort ingénieuse et séduisante pour expliquer les glaces de l’époque quaternaire, les déluges, et en général les révolutions du globe. La voici en résumé : On sait que la masse des mers de l’hémisphère austral est de beaucoup supérieure à celle des mers de l’hémisphère boréal, et qu’il en est de même des glaces des deux pôles. Or, par suite de la précession des équinoxes, il y a inégalité entre les sommes des heures de jour et de nuit des deux hémisphères. De cette inégalité résulte une différence dans les températures correspondantes, différence qui produit celle des glacières des deux pôles. L’inégalité qui existe entre les poids des deux masses glacées déplace nécessairement le centre de gravité du système terrestre et l’éloigné du centre de figure du globe. Ce déplacement du centre de gravité entraîne le déplacement des eaux ; et c’est ce qui retient actuellement la majeure partie des mers dans l’hémisphère austral où se trouve le centre de gravité, entre le plan de l’équateur et le pôle antarctique, à cause de la prépondérance de la glacière australe. Mais par l’effet de la précession des équinoxes combinée avec le déplacement de l’orbite terrestre, la différence entre les heures de jour et de nuit des deux hémisphères passe à l’avantage de l’un d’eux tous les 10 500 ans environ ; et cette périodicité est celle du déplacement du centre de gravité, conséquemment celle du déplacement des eaux, qui, à la suite des glaces, se portent tous les 10 500 ans d’un pôle à l’autre. En l’an 1248, les deux hémisphères avaient la même température. Depuis, l’hémisphère boréal se refroidit, tandis que l’hémisphère austral se réchauffe, la glacière arctique augmente aux dépens de la glacière antarctique et les eaux commencent à revenir vers le pôle nord. De là des perturbations dans les lignes des côtes, qui se termineront par un déluge sur notre hémisphère.
M. Croll a émis une théorie analogue basée sur la variation de l’excentricité de l’écliptique et sur l’intensité variable des phénomènes glaciaires dans les régions polaires.