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Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/90

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De même, sur plusieurs points de la côte, dans la zone littorale, et notamment en face du poste forestier des Genêts, on voit de grands et gros pins morts qui n’ont pu venir que loin de la mer pour se faire un fût aussi haut et aussi droit que celui qu’ils conservent encore.

Il serait facile, en descendant la côte du nord au sud, de trouver d’autres marques de son recul devant les eaux envahissantes. De nos jours encore au Moulleau, à cap Breton, les progrès de la mer sont considérables.

Cependant en Médoc, nous le répétons, ce déplacement n’a pas été partout un recul uniforme du continent. Si les promontoires des caps ont été abattus, par contre des golfes, des anses, ont été fermés. Le continent a donc été augmenté sur quelques points. Mais combien ses gains sont peu de chose auprès de ses pertes !

Élie de Beaumont écrit dans ses Leçons de géologie pratique que la côte de Gascogne n’a pas bougé dans son ensemble. Il se trompe, faute d’une connaissance suffisante des lieux. Bien plus, les accroissements partiels on donné l’idée à quelques uns que la rive du golfe de Gascogne gagnait en général sur l’océan.

« Il est présumable, dit un rapport du 17 août 1840 à la commission des Dunes, que la mer occupait anciennement l’emplacement actuel des dunes et qu’elle s’est continuellement reculée au droit du centre du golfe… Ce fait est en désaccord avec les idées de Brémontier sur les dunes et avec les observations faites à St-Jean-de-Luz, à la pointe de Grave, à la Teste même ; mais ce ne sont là que des affouillements locaux sans importance qui ne peuvent faire repousser l’atterrissement général du centre. »

C’est le contraire à notre avis, et il serait aisé de vérifier que les affouillements constatés à la Pointe de Grave, à la Teste et en beaucoup d’autres endroits, l’emportent de beaucoup sur les atterrissements qui ne sont que de petites exceptions. Comme à Brémontier, il nous paraît certain que le déplacement général de la côte s’est fait de l’ouest à l’est et non aux dépens de l’océan. (V. dans le même sens E. Reclus, Nelle géographie universelle, La France, chapitre II).

Suivant M. Delesse on retrouve le tracé de l’ancien littoral en p longeant à travers les dunes jusqu’à sa rencontre, avec le niveau de la mer, le plan régulier du plateau des Landes.

L’invasion des eaux était accompagnée de l’invasion des sables a formée les étangs et les marais littoraux. Cette formation sera étudiée plus loin.

Il convient d’ajouter que les progrès de la mer ont atteint leur maximum à Soulac en 1883 et que depuis 1889 environ, et au moins entre Arcachon et Soulac, l’océan s’arrête et n’empiète plus sensiblement sur le continent. Est-ce la paix ou un simple armistice ?

Quant au littoral fluvial, nous avons dit aussi quelle fut sa transformation : à l’immense nappe marécageuse semée d’îles, au baies et aux ports d’autrefois, aux larges canaux, porteurs de barques marchandes,