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Pour M. Delfortrie, non seulement l’affaissement existe et sur toutes les côtes du golfe de Gascogne, mais encore il est l’unique cause des empiètements de la mer et l’érosion ne se fait pas sentir. À l’appui de sa thèse, il cite plusieurs faits qui établissent certainement la réalité d’un dénivellement du sol (Affaissement des côtes de Gascogne, actes de la soc. Linnéenne de Bordeaux). C’est d’abord un puits en moellons bâti aux Cantines de Tout-Vent, à environ trois kilomètres de l’océan, vers 1836. En 1853, la mer avait envahi ces trois kilomètres, atteignait le puits et le déchaussait. Jusque vers 1863, cette frêle colonne de moellons se dressa, à marée basse, sur une hauteur de près de trois mères, intacte, sans être corrodée. Ce sont ensuite les rochers de St-Nicolas, d’une élévation et d’une étendue considérables sur la carte de Belleyme, devenus aujourd’hui écueils sous-marins ; le rocher de Cordouan qui présente sur la carte de l’état-major une étendue moitié moindre que celle indiquée par de Belleyme et son feu dont l’abaissement est officiellement constaté par les ingénieurs dans l’état de balisage ; la disparition de nombreuses églises et de paroisses entières, etc.

D’après le calcul de M. Delfortrie, l’abaissement serait de 0m3 par an, et le sol de l’église de Soulac se serait déprimé de 2m50 depuis la construction de l’édifice.

Il n’est pas douteux que le rivage gascon s’affaisse sur toute sa longueur. Les arguments de M. Delfortrie et de bien d’autres (E. Reclus) qui partagent son opinion, sont convaincants ; mais il n’en est pas moins vrai que le dénivellement du sol n’est pas l’unique cause des envahissements de l’océan et que l’érosion’ marine y contribue pour sa bonne part. Même dans les faits cités par M. Delfortrie à l’appui de sa thèse, on ne peut pas dire que l’érosion n’a pas aidé raidissement à les réaliser. Si le puits des Cantines a disparu vers 1863, c’est bien pour avoir cédé finalement à l’action des lames.

Il en est de même du fort et du phare de Grave placés autrefois à l’entrée de la Gironde, du côté est de la pointe, et détruits complètement aujourd’hui.


Origine et date des phénomènes d’érosion et d’affaissement. — Quelle est l’origine de ces érosions et de cet affaissement que nous venons de constater dans les variations des rivages du Médoc ? Quand ont-ils commencé ? Quelle est leur cause ? À quel fait ou à quelle loi physique doit-on les rattacher ? Autant de questions qu’on ne peut résoudre pour la plupart que par des hypothèses, en raison du peu de données que l’on possède en somme sur les phénomènes dont il s’agit.

On s’accorde généralement à faire dater les perturbations des côtes gasconnes de la fin du vie siècle de l’ère chrétienne.

Les auteurs du début de cette ère, tels que Pomponius Méla, qui vivait au ier siècle, Ptolémée, qui écrivait au iie, Ausone et Ammien