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voie de condensation au niveau de leur centre, tandis que les portions périphériques ont encore une densité très faible. On peut voir, dans ces dernières, la deuxième phase de l’évolution de notre système, celle que dut présenter la nébuleuse dont nous sommes sortis au moment où sa portion centrale se condensait pour donner naissance au soleil. D’autres « sont annulaires et semblent destinées à former des systèmes plus compliqués. » De ces nébuleuses, on peut facilement passer à celles qui se montrent composées d’un certain nombre d’étoiles ou masses condensées de matière incandescente et lumineuse, noyées dans une atmosphère vaporeuse d’un gigantesque diamètre. Si l’on admet l’opinion émise par quelques astronomes au sujet de la lumière zodiacale, les astres qui composent notre système solaire seraient, eux aussi, plongés dans une matière vaporeuse qui représenterait des restes épars, non condensés, de la nébuleuse solaire primitive. « Si, dit Laplace, dans les zones abandonnées par l’atmosphère du soleil, il s’est trouvé des molécules trop volatiles pour s’unir entre elles ou aux autres planètes, elles doivent, en continuant de circuler autour de cet astre, offrir toutes les apparences de la lumière zodiacale, sans opposer de résistance sensible aux divers corps du système planétaire, soit à cause de leur extrême rareté, soit parce que leur mouvement est à fort peu près le même que celui des planètes qu’elles rencontrent. » Une troisième phase de cette évolution nous est offerte par les amas stellaires dont les milliers de soleils, avec les planètes qui, sans doute, gravitent autour d’eux, se montrent unis par des rapports fixes de position et jouissent de mouvements coordonnés.

Appliquant la théorie de Laplace à l’univers entier, nous pouvons considérer chaque amas stellaire comme résultant de la condensation, je dirais volontiers de l’individualisation des diverses parties d’une nébuleuse, d’abord homogène et vaporeuse, en autant de globes incandescents et lumineux que cet amas compte d’étoiles. Chacun de ces globes ou soleils primitifs, d’abord très peu dense, s’est ensuite divisé en une sphère centrale, persistant à l’état de soleil, et en un nombre variable de satellites planétaires. Enfermés dans les limites de la nébuleuse qui leur a donné naissance, tous ces astres continuent à se mouvoir dans la direction qu’elle-même suivait. Les uns et les autres ont continué à se refroidir et à se condenser par le rayonnement, les moins volumineux devenant, les premiers, solides froids et obscurs, tandis que les plus volumineux conservaient encore leur incandescence et leur éclat. La gigantesque ceinture lumineuse qui brille pendant les nuits claires dans notre ciel et que sa lumière blanchâtre a fait désigner sous le nom de voie Lactée, cette ceinture formée de millions et de millions d’étoiles et dont fait partie notre système solaire tout entier, cette ceinture, dis-je, aurait été jadis, si l’on admet la théorie de Laplace, une nébuleuse vaporeuse et homogène, mesurant des milliards de lieues, et produisant, par la condensation successive de ses diverses parties, les innombrables étoiles que le télescope découvre dans sa