Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

produits. C’est de l’oxydation du pétrole que résultent la poix minérale et l’asphalte solide ; c’est encore par suite de l’oxydation lente des matières bitumineuses qu’il contient que le calcaire asphaltique de Hammer, dans le Hanovre, devient blanc à la surface, tandis qu’il est noir dans les parties centrales qui n’ont pas encore subi le contact et l’action de l’oxygène.

Un grand nombre d’autres phénomènes chimiques de diverses sortes se produisent dans le sol, sur lesquels il serait trop long d’insister. Des minéraux anhydres s’hydratent en changeant de caractères extérieurs et de volume. L’anhydrite se transforme en gypse avec une extrême rapidité ; l’oligiste se transforme en limonite, etc. Des carbonates se forment par altération des silicates, sous l’influence de l’acide carbonique apporté par l’eau de la surface ou mis en liberté par les oxydations de matières organiques signalées plus haut ; d’autre part, les carbonates alcalins décomposent le silicate de chaux, le fluorure de chaux ; les silicates d’ammoniaque agissent sur le chlorure de sodium, sur le sulfate de chaux ou de magnésie et déterminent la formation de silicate de magnésie, de sulfates d’alcalis, etc.[1].

Innombrables sont les phénomènes chimiques qui se produisent dans le sol, sous la seule action de l’eau qui dissout les corps, les apporte au contact les uns des autres et les soumet à l’action du gaz qu’elle tient en dissolution. Très grande, par suite, doit être la quantité de chaleur produite par tous ces phénomènes chimiques. Mais la chaleur elle-même détermine la production d’autres phénomènes et active leur intensité, tandis qu’elle-même joint son action à celle des réactions chimiques pour déterminer, comme nous allons le montrer, la production de courants électriques destinés à engendrer de nouvelles quantités de calorique et à provoquer de nouvelles réactions chimiques dans les substances qu’ils traversent.

Il est donc permis d’admettre avec Buffon que les phénomènes chimiques jouent un grand rôle dans la formation des substances fondues que rejettent les volcans. Que ces phénomènes prennent une grande intensité dans un point donné du globe, par suite de la pénétration en ce point d’une grande quantité d’eau et d’oxygène, et ils pourront déterminer la production d’une chaleur assez élevée pour que les roches soient fondues sur une étendue peut-être très considérable. Un nouvel apport d’eau et de gaz au contact de la masse fondue suffira désormais pour provoquer la formation d’un volcan. L’eau, se transformant en vapeur au contact de la masse ignée, se dilatera, soulèvera la croûte terrestre sus-jacente, la fera éclater et poussera au dehors les matériaux en fusion contenus dans le creuset du volcan. Buffon avait donc raison d’attribuer en partie les phénomènes volcaniques aux « feux allumés par l’effervescence des matières pyriteuses et combustibles que la terre

  1. Voyez une liste de ces actions dans Credner, Traité de géologie et de paléontologie, p. 190 et suiv.