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L’hydrogène sulfuré, qui existe en abondance dans le sol de certaines régions, est encore transformé par l’oxygène en acide sulfurique, qui lui-même sert ensuite à former des sulfates. L’oxydation des silicates d’oxyde de fer se fait avec une telle rapidité que « si les réductions ne venaient s’opposer à ces oxydations, tous les silicates d’oxydule de fer disparaîtraient à la fin, en peu de temps, du règne minéral[1]. » (Credner.) L’oxygène se combine même dans le sol avec toutes les substances d’origine animale ou végétale avec lesquelles il est mis en contact. Sans parler de la formation de la houille, de la tourbe, de l’anthracite, de la lignite, du graphite, etc., qui est due à l’oxydation ou combustion lente des végétaux, l’oxygène mis en contact avec ces substances dans l’intérieur du sol, les transforme encore, les brûle, en produisant le bitume, les huiles minérales, le naphte, le pétrole, etc. Les oxydations de cette sorte sont certainement d’une très grande importance si l’on en juge par l’énorme quantité d’acide carbonique qui s’échappe de l’intérieur de la terre, soit à l’état de gaz, soit en dissolution dans les eaux minérales ; encore faut-il ajouter qu’une portion plus grande encore peut-être de l’acide carbonique résultant de l’oxydation du carbone des plantes fossiles, sert à produire, dans l’intérieur du sol, une partie de l’énorme quantité de carbonates que nous offre la terre. Les phénomènes de combustion que l’oxygène détermine par son contact avec les matières organiques contenues dans le sol sont parfois assez intenses pour déterminer la formation de véritables petits volcans auxquels on a donné le nom de volcans de boue, à cause de leur composition. Ce sont de petits cônes aplatis, ayant depuis 1 mètre jusqu’à 150 mètres de hauteur, formés d’argile qui se dessèche pendant les périodes d’inaction, mais qui, pendant l’activité, prend la consistance d’une boue épaisse de laquelle se dégagent du protocarbure d’hydrogène, de l’oxyde de carbone, de l’acide carbonique, et, parfois, du naphte ou du pétrole. À l’état paroxysmal, les éruptions sont précédées et accompagnées d’oscillations du sol ; la boue s’échauffe, le cratère qui termine le cône lance de la boue et des pierres jusqu’à une hauteur de 30 mètres de haut, puis laisse échapper un courant de boue liquide, argileuse, bouillante, riche en chlorure de sodium et en naphte. La quantité de ces matières est parfois si considérable qu’elle peut se répandre jusqu’à 1 000 ou 1 500 mètres du cratère. Il existe presque toujours, à proximité des volcans de boue, des sources de pétrole indiquant la relation de ces volcans avec les masses souterraines de matières organiques en voie de décomposition. L’Italie, la Sicile, l’Islande, possèdent des volcans de boue ; mais les plus importants se trouvent dans le voisinage de la mer Caspienne.

Le pétrole, formé par oxydation des matières organiques contenues dans le sol, est lui-même susceptible de s’oxyder encore pour donner d’autres

  1. Traité de géologie et de paléontologie, p. 185.