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traires à l’hypothèse qui admet l’état de solidité générale du globe. » On doit dire même qu’ils lui sont aussi favorables que possible, car il serait difficile d’expliquer les éruptions volcaniques, si l’on admettait que la matière fondue doit traverser une couche solide épaisse de 1 200 à 1 600 kilomètres avant d’arriver au dehors. Une aussi grande épaisseur de la croûte solide rendrait également bien difficiles les affaissements et des exhaussements du sol que l’on constate encore aujourd’hui. Tous ces phénomènes, au contraire, trouvent aisément leur explication dans l’hypothèse de cavités voisines de la surface du sol, émise par Buffon et adoptée par Lyell.

Nous pouvons donc conclure de cette longue étude que Buffon était dans le vrai quand il admettait la solidité du globe terrestre jusque dans les parties les plus centrales, et quand il expliquait les phénomènes volcaniques par des cavités relativement superficielles, remplies de substances fondues par les actions chimiques et électriques auxquelles elles sont soumises.

Température du centre de la terre. Avait-il également raison en admettant que le centre de la terre jouit, malgré sa consolidation, d’une température très élevée ?

La réponse à cette question est fort difficile à formuler. Nous avons dit plus haut que Poisson concluait à un refroidissement du centre de la terre, antérieur à celui de la surface. L’opinion contraire est, il faut bien le dire, généralement admise. Elle paraîtra probable si l’on tient compte de la pression énorme à laquelle se trouvent soumises les substances contenues dans le centre de notre globe. Cette pression est tellement considérable que, d’après les calculs de Young, l’acier serait réduit, au centre de la terre, au quart de son volume et la pierre au huitième du sien. Si l’on considère que la pression développe de la chaleur, il est permis d’admettre que celle à laquelle sont soumises toutes les substances qui entrent dans la composition des parties centrales de la terre doit être énorme. L’est-elle assez pour faire passer toutes ces substances à l’état liquide ? Il est d’autant plus difficile de répondre à cette question qu’on imagine difficilement quel est l’état physique compatible avec de semblables pressions. Nous n’imaginons guère quel serait l’état de l’acier après qu’il aurait atteint le quart de son volume ni celui de la pierre réduite au huitième du sien. On a calculé, en effet, que si l’eau continuait à diminuer de volume suivant le degré de compressibilité qu’on lui connaît, elle doublerait de densité à la profondeur de 149 666, et qu’elle serait aussi dense que le mercure, c’est-à-dire treize fois autant qu’elle l’est à la surface de la terre, à 0°, lorsqu’elle serait descendue à une profondeur de 582 477 mètres seulement, à peine le dixième du rayon de la terre. Quel serait alors son état physique ? Serait-elle solide, serait-elle liquide ? Si l’on admet la théorie de la constitution atomique de la matière dont j’aurai à parler plus bas, il me paraît impossible de supposer que les corps placés au centre de la terre ou seulement à une certaine profondeur