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être accompagnés d’un phénomène propre à quelques couches. S’il existe entre deux couches solides, calcaires, par exemple, une couche encore molle et plastique, formée d’argile à éléments fins, cette dernière peut se plisser par suite du glissement des couches qui lui sont supérieures sur celles qui la supportent. Ces glissements et ces plissements de couches accompagnent fréquemment l’obliquité de direction produite par le redressement. La direction des couches est encore souvent modifiée par l’affaissement de leur partie médiane, ou, ce qui revient au même, par le soulèvement de leurs extrémités ; ou bien encore par le relèvement de leur partie médiane ou l’affaissement de leurs extrémités. Dans le premier cas, les couches deviennent concaves ; dans le second, elles deviennent convexes. Dans quelques circonstances, la même couche peut subir alternativement les deux effets ; elle est alors convexe dans une de ses parties et concave dans la portion suivante, et peut même affecter une disposition en éventail très remarquable si ces alternatives de soulèvement et d’affaissement se reproduisent un certain nombre de fois dans sa longueur. Sur ces couches diversement contournées, il n’est pas rare d’en voir d’autres disposées dans une horizontalité plus ou moins parfaite ; ce qui permet d’admettre que les secondes se sont déposées après que les premières avaient subi les bouleversements dont elles portent les marques indélébiles. On dit alors qu’il y a discordance de stratification, tandis qu’on désigne sous le nom de stratification concordante celle dans laquelle des couches de différentes natures et de différents âges sont disposées parallèlement et sans qu’on puisse les distinguer autrement que par leur nature ou par celle des fossiles qu’elles contiennent. Enfin, dans un grand nombre de localités, des couches horizontales, inclinées ou contournées se montrent coupées perpendiculairement à leur surface par des fentes ou failles, remplies d’une substance différente de celle qui les compose. Ces fentes peuvent avoir depuis quelques centimètres jusqu’à 10 et 15 mètres de largeur. Dans la plupart de ces cas, les couches brisées ne correspondent plus les unes aux autres dans le sens horizontal ; l’une des parties de la couche a été fortement relevée par rapport à l’autre.

Je n’insiste pas davantage sur ces faits, dont j’aurai à exposer plus bas la signification. Je reviens à Buffon.

Concordance des angles des montagnes. Parmi les faits qui ont attiré son attention et sur lesquels il a fondé sa théorie de l’évolution de la terre, nous avons vu figurer plus haut, à diverses reprises, celui de la correspondance des angles rentrants et des angles saillants des collines et des montagnes situées des deux côtés d’une vallée. Nous avons déjà reproduit[1] l’observation de ce phénomène faite par lui-même dans la vallée de Bar-le-Duc. Il ne fut pas le premier à attirer sur cette remarquable disposition des montagnes l’attention des savants.

  1. Voyez plus haut, p. 141.