Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Georges-Louis Leclerc[1] de Buffon naquit à Montbard (Côte-d’Or), le 7 septembre 1707. Son père, Benjamin-François Leclerc, était né le 6 mars

  1. Les Leclerc de la Bourgogne appartenaient à une maison fort ancienne dont le chef fut Robert Étienne Leclerc, né en 1298, anobli par Philippe de Valois en 1349. Mais le père de Buffon et son fils ignoraient cette parenté. C’est seulement en 1774 qu’elle fut révélée à Buffon par la lettre suivante du comte de Larivière, qui nous a été conservée par M. H. Nadault de Buffon, arrière-petit-neveu du naturaliste, aujourd’hui dernier représentant de son nom, éditeur et annotateur de sa correspondance publiée pour la première fois en 1860.
    « Thôtes, le 12 janvier 1774.

    « J’ai eu l’honneur de parler et d’écrire à M. de Buffon, monsieur, depuis que je vous ai vu en ce pays. Quoiqu’une naissance plus ou moins connue, pour un homme de la célébrité de M. de Buffon (célébrité qui rejaillira dans quelque temps que ce soit sur sa postérité), soit peu de chose, il convient que, si on pouvait trouver l’attache de MM. Leclerc du Nivernais avec le premier de ce nom qui fut anobli par Philippe de Valois en 1349, et dont il est démontré, par l’original de la réhabilitation que vous avez, que le chancelier Leclerc sortait, ce serait quelque chose de plus pour M. son fils, qui a d’ailleurs tout ce que l’on peut désirer de mieux pour être au niveau de quelque personne de condition que ce soit ; mais sa santé ne lui permettant pas de faire les recherches nécessaires, je l’ai assuré qu’en vous aidant de tous les alentours qu’il a et de la très grande considération dont il jouit, vous étiez l’homme qu’il lui fallait pour ces recherches, et d’autant plus que cela vous regarde un peu, si vous ou les vôtres vous veniez à une fortune qui vous permît de vous faire réhabiliter comme celui qui se fit réhabiliter sous le règne de Louis XIII, et qui n’était certainement pas d’autre famille que MM. Leclerc d’aujourd’hui, qui, manquant de fortune, ont été confondus ; car la naissance sans bien est souvent plus à charge qu’utile. Enfin, monsieur, je vous invite à aller trouver M. de Buffon à son hôtel, près le Jardin du Roi ; cette lettre vous servira de passe-port ; vous en serez certainement bien reçu. MM. Leclerc de Fleurigny, qui, dans leur généalogie, ne remontent qu’au père du chancelier Leclerc, ne sortent pas d’autre que d’Étienne Leclerc, comme vous en avez la preuve sous les yeux, lequel Étienne, grand-père du chancelier, fut anobli en 1349. L’antiquité était assez grande, puisque c’était le cinquième ou le sixième anoblissement que les rois avaient faits jusque-là ; mais chacun voudrait tirer son origine du ciel, et quoique l’on vive dans un temps où jamais la noblesse française ait été moins considérée, cette folie occupe cependant les hommes plus que jamais ; et des familles oubliées, à force de recherches, ont fini par faire connaître qu’elles sortaient de bon lieu. Je crois que MM. Leclerc du Nivernais y sont non seulement bien fondés, mais qu’un aussi grand homme que M. de Buffon serait reçu à bras ouverts de MM. Leclerc de Fleurigny, en ménageant néanmoins l’anoblissement de l’aïeul du chancelier dont ils ne font pas mention dans leur généalogie, qui commence au père du chancelier et ne remonte pas au grand-père anobli par Philippe de Valois. Adieu, monsieur, soyez toujours bien persuadé de tout l’attachement de cette maison pour vous et de mon estime particulière.

    « Le comte de La Rivière. »

    Buffon portait les armoiries suivantes :

    Écartelés aux I et IV d’argent plein à la bande de gueules, chargée de trois étoiles d’argent (qui est des Leclerc) ; aux II et III d’azur à cinq billettes d’argent posées en sautoir (qui est de Marlin). Son fils y ajouta les armes de sa mère, de la maison de Saint-Belin-Mâlain, qui sont d’azur à trois têtes de béliers d’argent, couronnées d’or et posées III et I.

    Dans les actes officiels, contrats et autres actes publics, il prenait les titres suivants : Comte de Buffon, vicomte de Quincy, vidame de Tonnerre, marquis de Rougemont, seigneur de Montbard, la Mairie, les Harens, les Berges et autres lieux ; intendant du Jardin et du Cabinet du Roi, l’un des Quarante de l’Académie française, trésorier perpétuel de l’Académie des sciences ; des Académies de Londres, de Berlin, de Saint-Pétersbourg, d’Édimbourg, des Arcades, de celle des sciences, lettres et arts de Padoue, de l’Institut de Bologne et de presque toutes celles de l’Europe.