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celles de la surface, éprouvent bien plus régulièrement que celles de la surface cette action, et elles ont un mouvement plus réglé et qui est toujours alternativement dirigé de la même façon.

» De ce mouvement alternatif de flux et de reflux il résulte, comme nous l’avons dit, un mouvement continuel de la mer de l’orient vers l’occident, parce que l’astre, qui produit l’intumescence des eaux, va lui-même d’orient en occident, et qu’agissant successivement dans cette direction, les eaux suivent le mouvement de l’astre dans la même direction. Les marées sont plus fortes et elles font hausser et baisser les eaux bien plus considérablement dans la zone torride entre les tropiques, que dans le reste de l’océan ; elles sont aussi beaucoup plus sensibles dans les lieux qui s’étendent d’orient en occident, dans les golfes qui sont longs et étroits, et sur les côtes où il y a des îles et des promontoires. »

Action du soleil. La lune n’est pas le seul astre qui agisse sur nos eaux pour déterminer les marées. Le soleil joint son action à celle de notre satellite, mais son très grand éloignement ne lui permet d’exercer, malgré son énorme masse, qu’une action relativement faible ; on estime, en effet, que la lune est pour les deux tiers dans la production des marées, tandis que le soleil n’y est que pour un tiers. Au moment des pleines lunes et des nouvelles lunes, l’action du soleil et celle de la lune s’exerçant en même temps sur les mêmes points du globe, les marées atteignent forcément leur plus grande hauteur, tandis qu’elles présentent leur minimum d’intensité au moment des quadratures, parce qu’alors le soleil et la lune exercent leur action dans des directions formant entre elles un angle droit.

Le mouvement des marées peut être accéléré ou ralenti par les vents. Lorsque le vent pousse les flots dans la même direction que le flux, l’eau s’élève sur les côtes à une hauteur beaucoup plus considérable que celle que lui ferait atteindre le flux seul ; elle se précipite alors sur les obstacles qui lui sont opposés avec une violence d’autant plus grande que le vent est plus fort. Lorsque, au contraire, le vent souffle dans une direction opposée à celle du flux, la force de celui-ci est très sensiblement diminuée.

Une autre cause rend les marées beaucoup plus fortes qu’elles ne le seraient sous l’action seule de la lune et du soleil. On a calculé qu’au niveau de l’équateur l’action de la lune élève la surface de la mer de 0m,50 seulement ; en y ajoutant l’action du soleil, on obtient une élévation de 0m,74. Or, ce chiffre est très inférieur à celui qui représente l’élévation de la mer dans un grand nombre d’autres points du globe. Tandis qu’à Sainte-Hélène les marées dépassent rarement 0m,90, elles sont, à l’entrée de la Tamise, de 5m,40 ; à Boston et à Deeps, elles sont de 6m,60 à 7m,20 ; à l’embouchure du canal de Bristol, elles atteignent 10m,80 ; à King-Road, près de Bristol, elles sont de 12m,60. À Chepstow, petit port situé sur la Wye, rivière qui se jette dans les terrains de la Saverne, elles s’élèvent jusqu’à 15 et même 21 mètres ou 21m, 90. En