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sement plus considérable s’étant alors produit, il s’y est formé, au-dessus des couches de houille, des dépôts de grès et de conglomérats de rivages ; puis, l’affaissement ayant continué à se faire, une mer profonde s’étant de nouveau formée sur le même point, on retrouve des couches de calcaires avec fossiles marins (calcaire du Dyas, Zechstein). Le calcaire, on le voit, ne s’est formé, dans les deux cas, que sur le sol des mers profondes, ou, pour mieux dire, dans les deux cas, sa formation indique l’existence de mers profondes ; son alternance avec des couches de rivages et des couches de marécages ou de forêts révèle un soulèvement et un nouvel affaissement consécutif d’une même région du globe pendant l’âge paléozoïque. Remarquons, en outre, que tout le calcaire de l’âge paléozoïque, comme celui de l’âge archaïque, est un produit d’animaux marins.

Le calcaire abonde dans les formations de l’âge mézozoïque, c’est-à-dire dans les périodes triasique, jurassique et crétacée. Dans la formation triasique, il est situé au-dessus des grès bigarrés ; il forme d’abord la majeure partie du terrain désigné sous le nom de Muschelkalk et contient les premiers crustacés macroures, ce qui indique son origine marine ; il offre du gypse et du sel gemme. Dans le Reuss, qui est postérieur au Muschelkalck, il n’est que peu représenté. Le rhétien, qui forme l’étage le plus vieux du trias, est représenté par des dolomies importantes, finement grenues et par le calcaire de Dachstein, qui est pur, compact, de couleur sombre et porte tous les caractères de couches déposées dans des mers profondes. Dans beaucoup de points, le calcaire du trias a été transformé en marbre blanc, parfois grossièrement cristallin, par des éruptions volcaniques, c’est-à-dire par l’action combinée de la chaleur et de la vapeur d’eau. Dans le jurassique, le calcaire abonde à tel point, sous la forme oolithique, c’est-à-dire contenant des nodules arrondies plus ou moins volumineux, qu’on considère ces oolithes comme le trait caractéristique des terrains jurassiques. Toutes ces formations présentent le caractère de dépôts ininterrompus sur le fond de mers très calmes. Le calcaire des formations crétacées se présente surtout sous la forme de craie et revêt également les caractères de dépôts marins.

Les calcaires de la période tertiaire, dont le plus ancien est le calcaire grossier de Paris, riche en nummulites, présentent encore les caractères de formations marines. Ils se déposent dans le fond des mers tertiaires. Dans la période oligocène apparaissent pour la première fois des calcaires formés dans l’eau douce. Dans le bassin de la Seine, on trouve d’abord une couche de calcaire d’eau douce, riche en gypse et contenant des planorbes et des paludines, puis des couches marines sableuses et une couche supérieure de calcaire (calcaire de la Beauce), d’eau douce, riche en planorbes, en lymnées, en paludines. Enfin, dans les formations miocènes inférieures, apparaissent des calcaires contenant des fossiles terrestres, notamment un grand nombre d’helix et de pupa.