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mulent dans leurs tissus ou à la surface de leur corps des quantités considérables de silice. Sans parler des végétaux dont les troncs en contiennent toujours une certaine proportion, je dois citer ici la silice avec laquelle les radiolaires fabriquent leurs élégants squelettes et celle qui forme les valves des diatomées. Les radiolaires et les diatomées ne sont, il est vrai, que des organismes microscopiques, mais ils vivent en si grande quantité dans certaines eaux qu’ils y peuvent former des dépôts considérables de leurs squelettes. On sait, par exemple, qu’au delà du 60e degré de latitude le fond de l’Atlantique est entièrement tapissé de squelettes siliceux de radiolaires, tandis qu’entre le 60e degré nord et sud, ce sont les squelettes calcaires des foraminifères qui forment le lit de la mer. La plupart des roches auxquelles on donne le nom de tripoli sont formées de squelettes siliceux de diatomées.

Tourbières et houille. Nous pourrions encore, pour montrer l’importance du rôle joué par les organismes vivants dans la formation des terrains sédimentaires, parler de la formation des tourbières et des houillères, décrire la décomposition lente des mousses, des herbes, des arbres, qui ont produit ces puissantes et utiles formations ; mais ces détails seraient peut-être déplacés ici et auraient le grave inconvénient d’augmenter outre mesure la longueur de cette étude.

Les roches sédimentaires sont dues aux causes actuelles. Les faits que je viens d’exposer démontrent d’une manière bien irréfutable l’exactitude de la proposition qu’il s’agissait d’établir, à savoir qu’à l’aide des phénomènes qu’il nous est permis d’observer actuellement à la surface du globe nous pouvons expliquer la formation de toutes les roches sédimentaires qui ont été déposées dans les temps anciens. En d’autres termes, ils prouvent d’une manière irréfutable que les « causes actuelles aqueuses » permettent d’expliquer la formation de tous les terrains sédimentaires, de même que les « causes actuelles ignées » fournissent une suffisante explication de la formation des roches volcaniques. Je ne veux plus ajouter que quelques mots relativement à cette importante question.

Métamorphisme des roches sédimentaires. Nous avons insisté déjà, dans plusieurs points des pages précédentes, sur les transformations que certains sédiments sont susceptibles de subir après leur dépôt. Dans toutes les transformations dont nous avons parlé, les actions chimiques seules intervenaient ; il en est d’autres plus localisées, mais également importantes, qui se produisent chaque jour et qui ont pour cause la chaleur terrestre. Toutes les fois que des roches en fusion traversent des roches sédimentaires ou volcaniques plus anciennes, elles y déterminent des modifications plus ou moins profondes. Je me bornerai à en citer quelques-unes pour donner une idée de leur nature.

On croyait autrefois que toute roche éruptive traversant une roche sédimentaire devait déterminer dans cette dernière, parle seul fait de sa température élevée, des transformations importantes. L’observation a montré que ce métamorphisme, désigné sous le nom de métamorphisme de contact, est beaucoup plus rare qu’on ne l’avait d’abord supposé. Cependant, on en