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qui a manifestement existé pendant cette période ? En d’autres termes, faut-il attribuer aux causes astronomiques la température chaude des périodes archaïque et paléozoïque ; ou bien faut-il mettre cette température sur le compte des causes géographiques étudiées plus haut ; ou bien encore faut-il admettre que ces deux ordres de causes ont agi simultanément ? La réponse à toutes ces questions est évidemment fort difficile à faire. À l’heure actuelle, la géologie ne peut que les poser, laissant aux recherches ultérieures le soin de les résoudre, s’il est possible. Quant à moi, j’ai pensé qu’il n’était pas inutile d’exposer les termes principaux de ces graves problèmes, ne serait-ce que pour montrer au lecteur la longueur du chemin parcouru depuis un siècle par la science.

Je devais aussi en parler pour un autre motif, c’est qu’il me sera maintenant plus facile de passer rapidement sur l’histoire des périodes de l’évolution de notre globe, dont j’ai encore à exposer les principaux événements.

Phase secondaire. La phase moyenne ou secondaire de la terre est généralement divisée par les géologues en trois grandes périodes : triasique, jurassique et crétacée. Jetons successivement un coup d’œil sur chacune de ces trois périodes, souvent réunies sous la dénomination de formations mésozoïques parce qu’elles présentent un nombre considérable d’espèces animales et végétales, en quelque sorte transitoires, servant de trait d’union entre les espèces plus anciennes en voie de destruction et les formes des âges ultérieurs.

Période triasique. Les formations triasiques, par lesquelles débute la période mésozoïque, sent essentiellement marines. Elles reposent sur le trias supérieur et sont recouvertes par le jurassique, du moins dans les lieux où les dépôts des trois périodes se sont succédé sans interruption. Dans chaque localité où il existe, le trias offre d’ailleurs une structure pétrographique spéciale ; ce sont tantôt des grès et des marnes contenant des fossiles terrestres et séparés par des calcaires à fossiles marins, tantôt des calcaires marins seuls. En Allemagne, où il est plus complet peut-être que partout ailleurs, il offre d’abord les caractères de dépôts de rivages tranquilles, étant formé de marnes et de grès, dans lesquels existent surtout des fossiles terrestres sans doute entraînés par des fleuves et déposés dans des estuaires, ou vivant dans les eaux saumâtres. On y trouve quelques équisétacées, quelques fougères et un petit nombre d’abiétinées ; les amphibiens ont laissé sur les dépôts de ces rivages quelques empreintes de leurs pieds. Il y eut ensuite probablement un affaissement de ces rivages, car on trouve au-dessus des marnes irisées (kerpeu) et des grès de la première formation, un calcaire si riche en coquilles marines qu’il leur doit son nom de muschelkalck (calcaire coquillier). On y trouve en abondance des échinodermes, des brachiopodes, des acéphales, des gastéropodes, des céphalopodes, des poissons hétérocerques et un saurien qui vivait constamment dans la mer. Après le dépôt de ce calcaire, le bassin triasique de l’Allemagne a dû subir un nouveau relèvement, car il