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rieure à l’oligocène ; dans le bassin de la Loire, c’est le contraire qui existe, on ne trouve pas le tertiaire ancien, mais on rencontre le tertiaire récent représenté par le miocène et par le pliocène.

C’est vers la fin de la période tertiaire que commencent à se produire les soulèvements destinés à donner naissance aux continents polaires. Pendant la majeure partie de l’âge tertiaire le climat est encore chaud jusqu’à une faible distance des pôles, puisque l’on trouve jusqu’au 79e degré de latitude sud une végétation très luxuriante, formée d’espèces semblables à celles de l’Allemagne et de la Suisse. Plus tard, à la fin de l’âge tertiaire, les mers du sud sont remplacées par des continents, des terres intertropicales s’affaissent et des glaces apparaissent dans les régions septentrionales de notre hémisphère. Époque glaciaire. C’est à ce moment que se place la période de l’histoire de la terre à laquelle on a donné le nom d’époque glaciaire, les uns la faisant figurer à la fin de l’âge tertiaire, tandis que d’autres la placent au début de l’âge quaternaire ; d’autres enfin, et ceux-là peut-être ont davantage raison, supposent qu’il y eut pendant l’âge tertiaire et peut-être même pendant l’âge secondaire plusieurs périodes glaciaires alternant avec des périodes plus chaudes. Il paraît certain, notamment, que des glaciers d’une grande importance ont existé dans la Grande-Bretagne pendant la période miocène. Si l’on ne perd pas de vue les changements incessants de mers en terres et de terres en mers dont la surface du globe a été le théâtre, et l’influence prédominante que les conditions géographiques exercent sur les climats locaux ou généraux, si d’autre part on tient compte de l’impossibilité dans laquelle nous sommes de trouver les traces d’un glacier ancien, là où a passé un glacier plus récent, si, enfin, on se rappelle que nous sommes presque impuissants à tracer l’histoire des phases pendant lesquelles les continents ont été à découvert, on ne manquera pas de conclure que rien n’empêche de supposer que la terre ait vu se produire, à des dates plus ou moins éloignées les unes des autres, une série de périodes glaciaires alternant avec des périodes tempérées ou même chaudes.

Quoi qu’il en soit, il est incontestable que la fin de l’âge tertiaire ou le commencement de l’âge quaternaire a été marquée par une époque glaciaire de très longue durée, époque pendant laquelle les Alpes et les Pyrénées, les montagnes de l’Angleterre, de l’Écosse, de la Scandinavie étaient couvertes de glaciers descendant jusque dans les vallées et recouvrant même une partie des plaines voisines, tandis que toutes les mers septentrionales charriaient d’énormes blocs de glace. Comme l’Europe ne formait alors qu’une île étroite, étendue de l’est à l’ouest et bordée au nord par une mer qui la séparait des régions polaires, et qui recouvrait l’Allemagne du Nord, la Hollande, le Danemark, la Pologne et le nord de la Russie, comme l’Amérique du Nord seule était émergée, comme aussi les terres étaient probablement peu étendues entre les tropiques, il est permis de croire que de vastes terres s’étaient