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ditions géographiques du globe est la production de climats locaux distincts et l’apparition de faunes et de flores spéciales, adaptées à chaque climat ou plutôt produites par les climats. Autant qu’il est permis d’en juger, c’est pendant la période tertiaire que se sont formées les premières glaces polaires, sans doute par suite du soulèvement de vastes continents au niveau du pôle, tandis que des étendues plus ou moins considérables de terres intertropicales s’enfonçaient dans les eaux de la mer.

Les transformations locales ont été si nombreuses et si importantes pendant le troisième âge de la terre qu’il est fort difficile d’établir la contemporanéité des événements même très graves se produisant sur des points différents. Il serait par exemple difficile de dire à quel dépôt formé en Amérique correspond le soulèvement des Pyrénées ou des Alpes ; il est même fort difficile de préciser le moment exact de l’histoire géologique de l’Europe où a commencé et où s’est achevé ce soulèvement. Cela est d’autant plus difficile que, comme nous l’avons prouvé plus haut, les soulèvements et les affaissements se sont produits alors, comme de nos jours, avec une extrême lenteur. Du reste, les monuments pétrographiques et paléontologiques de la période tertiaire témoignent de changements plusieurs fois répétés de terres en mers et de mers en terres, ce qui permet d’attribuer à cette phase une durée extrêmement longue.

Je me borne à rappeler qu’on l’a divisée en deux grandes périodes : le tertiaire ancien, comprenant deux séries : l’éocène et l’oligocène, et le tertiaire récent ou néocène comprenant aussi deux séries : le miocène et le pliocène. Éocène. C’est à l’éocène qu’appartiennent par ordre d’ancienneté : les sables de Bracheux et les sables inférieurs du Soissonnais dans lesquels on trouve avec des coquilles d’eau douce, un mammifère voisin des ours, l’Arctocyon primævus ; les argiles plastiques et les lignites du bassin de la Seine ; le calcaire grossier de Paris, formation marine puissante ; les sables et grès de Beauchamps qui indiquent une formation de rivage. Oligocène. L’oligocène du bassin de la Seine se compose : 1o à la base, d’une formation d’eau douce constituée par des calcaires et du gypse et contenant de grandes tortures terrestres, fluviatiles et de marais, des batraciens gigantesques, des crocodiles, des iguanes et des oiseaux de grande taille. Les reptiles indiquent un climat encore chaud, sinon tout à fait tropical. C’est là aussi qu’on trouve les gigantesques mammifères restaurés par Cuvier, le Palæotherium et l’Anoplotherium, le premier tenant du tapir et du rhinocéros et le second réunissant certains caractères des porcins, des ruminants et des pachydermes ; 2o les sables marins et les grès de Fontainebleau ; 3o le calcaire d’eau douce de la Beauce. Pendant ces deux formations, le bassin de la Seine a donc été, manifestement, plusieurs fois mis à nu et recouvert de nouveau par l’océan tertiaire.

Dans le bassin de Paris, on ne trouve aucune formation tertiaire supé-