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de la substance volatilisée ne s’étendent pas à égale distance à partir des pôles. Il a montré ensuite, à l’aide de cette méthode d’observation, que dans le cas d’alliage contenant différentes proportions de deux métaux, si l’un des métaux constituants est en très petite quantité son spectre est réduit à sa forme la plus simple ; les lignes qui sont les plus longues lorsque la substance est pure apparaissent seules. Si l’on augmente la proportion de ce métal, les autres lignes se montrent graduellement dans l’ordre de la longueur relative qu’elles présentent dans le spectre de la substance pure. Des observations semblables furent faites avec des corps composés. On constata ainsi que les lignes fournies par une substance déterminée varient non seulement en longueur et en nombre, mais aussi en éclat et en épaisseur suivant la proportion relative de cette substance.

Armé de ces faits et se proposant de déterminer exactement les éléments qui entrent dans la composition du soleil, M. Lockyer prit environ deux mille photographies de spectres de substances métalliques diverses et observa directement plus de cent mille de ces spectres. Comme il est à peu près impossible d’obtenir des substances pures, les photographies furent soigneusement comparées, dans le but d’éliminer de chacune les lignes dues aux impuretés ; l’absence d’un élément particulier à l’état d’impureté étant considérée comme démontrée lorsque ses lignes les plus longues et les plus fortes étaient absentes de la photographie. Le résultat de tout ce travail fut de démontrer à M. Lockyer qu’il existe des lignes identiques dans les spectres de métaux différents sans qu’on puisse mettre cette coexistence sur le compte d’impuretés ; en effet, des spectres de métaux dont la pureté absolue était démontrée lui offrirent cependant des lignes qu’ils n’auraient pas dû contenir si le métal était réellement un corps simple. M. Lockyer fut conduit par des observations spectroscopiques sur le soleil et d’autres astres à admettre que les corps dits simples sont en réalité composés. Il constata que plus un astre est chaud, plus son spectre est simple. Les astres les plus brillants et les plus chauds, comme Sirius, donnent un spectre dans lequel on ne trouve que les lignes très larges de l’hydrogène et un petit nombre d’autres lignes très fines, caractéristiques d’éléments d’un poids atomique très faible ; tandis que des astres moins chauds, comme le soleil, fournissent un spectre indiquant un plus grand nombre d’éléments métalliques. Ces faits paraissent faciles à expliquer, d’après M. Lockyer, si l’on suppose qu’à mesure que la température s’élève les corps sont de plus en plus divisés en éléments d’un poids atomique plus faible.

Il n’existe probablement qu’un seul corps simple. Ces observations donnent, je le répète, un certain fondement à l’hypothèse d’après laquelle les corps dits simples ne seraient en réalité que des corps composés, l’univers entier n’étant formé que d’un seul corps véritablement simple, dont tous les autres ne seraient que des états particuliers corps d’agrégation atomique et moléculaire. En 1864, M. Berthelot avait déjà émis