Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ceux de la chaleur. Tous les faits connus démontrent que la lumière doit être attribuée à la vibration des atomes éthérés, comme les vibrations caloriques, les vibrations lumineuses se transmettent sous la forme d’ondes comparables à celles du son, mais ayant leur siège dans l’éther. Quant à la coloration des différents rayons du prisme, elle doit être attribuée, de même que la variété des sons, à la nature différente des vibrations lumineuses. L’analogie dans la nature intime des phénomènes explique encore pourquoi la chaleur et la lumière sont si souvent émises en même temps par un même corps, quoique cependant on ne puisse pas confondre les deux sortes de phénomènes.

Il est également facile d’expliquer avec la théorie des atomes les phénomènes chimiques déterminés par la chaleur et la lumière, si l’on réfléchit que les corps composés sur lesquels elles agissent sont formés d’atomes dont il suffit de modifier les mouvements vibratoires et par suite les mouvements rotatoires et translatoires pour modifier leurs rapports, c’est-à-dire pour les rapprocher ou les séparer.

Électricité et magnétisme. L’ordre de phénomènes qui est le plus vivement éclairé par la théorie de l’éther et par celle des atomes tourbillons est celui des phénomènes électriques et magnétiques. J’ai à peine besoin de rappeler que jusqu’à ces dernières années, la plupart des physiciens admettaient avec plus ou moins de confiance l’existence soit d’un, soit de deux ou plusieurs fluides électriques et magnétiques, de même qu’au siècle dernier on croyait à l’existence d’un fluide calorique et d’un fluide lumineux. Tous ces fluides hypothétiques sont rendus absolument inutiles par la théorie de l’éther. Sans entrer dans l’analyse de la nature intime de tous les phénomènes électriques et magnétiques, analyse qui dépasserait beaucoup les limites de ce travail, je crois utile de montrer par quelques exemples la façon dont on peut expliquer ces phénomènes avec la théorie qui déjà nous a permis de projeter une si vive lumière sur l’étude de la chaleur. Je prends encore pour guide M. F. Marco qui a fait de l’électricité et du magnétisme une étude très complète au point de vue qui nous occupe ici.

Cherchant à expliquer la production de l’électricité qui a lieu au contact des corps hétérogènes, il écrit[1] : « J’ai établi qu’un corps solide est un système d’atomes tourbillons, chacun desquels a sa vitesse, sa densité, et exerce une pression déterminée sur l’éther libre, pression dépendante du mouvement rotatoire dont il est animé, et que l’augmentation de la vitesse de rotation fait aussi la pression et la densité des atomes tourbillons et vice versa. Dans cette théorie, la vitesse de rotation, et par conséquent la densité et la pression des atomes tourbillons doivent être autant de fonctions des différentes propriétés des corps ; et comme ces propriétés varient d’un corps à

  1. Hirn, Annales de chimie et de physique, 1867, t. XI, p. 47.